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Ils adressent aux chambres pétitions sur pétitions. L’association de Liverpool (Liverpool shipping Association) présidée par sir Robert Rankin, donne le branle à tous les autres ports. C’était en son nom que parlait dernièrement lord Stanley à la chambre des lords. M. Herries, de son côté, a présenté aux communes des réclamations signées par les populations maritimes de Londres, Glasgow, Nort-Shields, South-Shields, Newcastle, Hartlepool, Montrose, Cork, Belfast, etc. Arrêtons-nous un moment aux griefs articulés dans ces nombreuses pétitions.

Il faut noter d’abord que les pétitionnaires ne vont pas jusqu’à demander le rappel des nouvelles lois de navigation. L’esprit pratique, qui distingue si éminemment la nation anglaise jusque dans les couches les plus inférieures de la société, leur a fait repousser toute démarche d’un caractère nuisible ou inacceptable. Ils tiennent pour accomplie la réforme de l’ancien acte. Ils n’invitent pas le parlement à déjuger en leur faveur ce serait une mauvaise recommandation auprès de lui ; mais ils lui disent : Puisque vous avez ouvert la carrière maritime à la compétition, de tous les pays, du moins égalisez les conditions de la lutte ! Puisque vous nous avez dépouillés des avantages que nous garantissait l’ancien acte de navigation, exonérez-nous aussi des charges exceptionnelles qu’il faisait peser sur notre industrie ! puisque tous les autres pays sont admis au bénéfice du nouveau régime, obligez-les à nous accorder la réciprocité et pour cela appliquez-leur les articles 10 et 11 du bill du 26 juin 1849[1] !

Quelles sont les conditions d’inégalité dont se plaignent particulièrement les armateurs anglais ? – Il y a le droit de timbre payé sur les polices d’assurance maritime ; il y a les indemnités extraordinaires que prélèvent les consuls anglais dans les ports étrangers sur les bâtimens portant le pavillon de leur pays ; il y a les gratifications qu’il est d’usage de payer aux équipages de la marine royale, quand celle-ci, en cas de sinistre, a prêté son concours à des bâtimens marchands ; il y a les dispositions maintenues des anciennes lois qui tendent à encourager les matelots des navires de commerce à déserter leur poste pour prendre du service dans la marine militaire ; il y a obligation de faire entrer dans la composition des équipages une proportion déterminée de sujets anglais, lesquels exigent des salaires plus élevés et une nourriture meilleure que les marins de plusieurs autres pays ; il y a enfin les causes d’infériorité qui naissent, dans les ports

  1. Les articles 10 et 11 ont pour objet d’autoriser le gouvernement à décréter, en vertu d’un simple ordre en conseil inséré dans la Gazette de Londres toutes les mesures de rigueur qui lui paraîtront convenables contre les bâtimens des pays où le pavillon anglais n’obtiendra pas la compensation des avantages accordés aux pavillons étrangers par le bill de 1849.