et ce qui paraît le plus dans l’éclosion encore incertaine de toutes ces candidatures, c’est l’appréhension avec laquelle de toutes parts on retient, on réserve sa préférence. On sent trop profondément, si aveuglé qu’on put, être par le fanatisme ou par les faux calculs, que l’on n’a point avec soi le cœur de la France : le candidat de la France, si l’on peut ainsi parler, c’est la révision.
Aussi jugeons-nous très naturel et très légitime que le gouvernement et la majorité mettent tous leurs efforts à conquérir cette indispensable solution ; Si l’on empêche le pays de se prononcer directement et de front, il faut lui fournir l’occasion de se prononcer par d’autres voies. On a beaucoup parlé ces jours de d’avancer l’époque ces élections, afin de constater le plus tôt possible le mouvement de l’esprit général et d’opposer ainsi une barrière à tous les entraînemens de l’esprit de faction. Un journal a cru bien faire en se rendant l’éditeur de ces idées, qui s’étaient probablement déjà présentées à la pensée de plusieurs hommes politiques. Nous ne croyons pas que la polémique à laquelle on s’est, comme toujours, trop hâté de les livrer leur ôte de leur valeur réelle. Puisqu’il suffit d’une minorité si peu considérable pour barrer à la majorité la route par laquelle on pourrait en appeler le plus vite à la nation, il est tout simple que la majorité profite de sa force pour en frayer d’autres. Aux termes de la constitution, les 488 peuvent empêcher la révision ; mais ils ne peuvent empêcher la loi parfaitement constitutionnelle qui fixerait un jour plus tôt que plus tard l’élection de la seconde législative. Quel que soit d’ailleurs le recours auquel en vienne la majorité parlementaire, il est un point qui s’établit de plus en plus dans l’opinion, et qui de plus en plus devient comme la base solide de la pensée publique : c’est qu’on ne peut pas s’abandonner pieds et poings liés aux chances de 1852. Il est trop de rancunes, trop de passions cupides ou malfaisantes qui se donnent rendez-vous à cette date-là et se promettent la joie de se déchaîner à l’aise. Ce procès politique qui s’est terminé par un si scandaleux mépris de la justice et par une répression si méritée, le procès de Lyon, aura fourni du moins un aperçu des espérances que les agitateurs de profession travaillent à répandre autour d’eux. Nous ne voulions rien dire des hommes qui sont maintenant sous le coup de la loi : il faut réserver toutes ses censures pour les avocats qui ont déserté leur devoir et leurs cliens sur l’ordre de quelque conciliabule secret. Il n’est cependant point permis de. taire l’impression qu’on ressentait d’audience en audience, à voir comment, grace à cette propagande pernicieuse, des départemens entiers étaient minés par une société souterraine uniquement occupée d’épier la société régulière en attendant l’heure où elle pourrait la surprendre et la battre. Est-il étonnant que dans ces pays du midi, traversés, surexcités par tant d’obscures intrigues, il y ait à chaque moment des explosions si insensées et si violentes ? Ces ignorans, ces furieux auxquels on recommande d’être toujours prêts, s’imaginent toujours que l’instant est arrivé : ils font feu avant le signal ; alors on les renonce, on les désavoue, ou bien leurs bons amis, qui savent écrire et plaider, rejettent le mal sur le vin du cru et sur l’allégresse des fêtes votives maladroitement contrariée par la police. Les glorieuses fêtes que celles dont le plus bel éclat est la bataille d’une populace entière contre huit gendarmes ! Il n’y avait jadis que les voleurs de grand chemin qui tirassent sur le gendarme