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Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 12.djvu/1058

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de Bohème, qui essayèrent de fonder un royaume au VIIIe siècle dans les états du roi Przémislas, ne se piquaient point de garder la virginité. Toute leur ambition était de fonder un état où l’infériorité des hommes fût établie par les lois et passât dans les mœurs. Enfin les amazones d’Amérique, que le voyageur Orellana prétend avoir combattues et que le jésuite D’Acûna a célébrées dans sa relation de la rivière des Amazones, consentaient à recevoir une fois l’an les hommages de l’autre sexe dans les tribus voisines. Les amazones d’Abomey, au contraire, se font une gloire de ne donner aucun exemple de fragilité. Les passions sauvages, la soif du sang, l’amour des combats, ont remplacé dans leurs âmes les penchans ordinairement plus doux de la nature féminine : « Nous sommes des hommes, disent-elles, et non des femmes. » Celles qui oublient un instant ce caractère s’accusent les premières et dénoncent leurs séducteurs, bien que ce soit courir à la mort et y livrer leurs complices. La superstition contribue, du reste, à les maintenir dans une stricte continence, car elles sont convaincues qu’une grossesse certaine révélerait la faute de celle qui, coupable d’une faiblesse, oserait franchir le seuil des casernes où sont logées les amazones dans l’intérieur du palais.

L’uniforme commun à toute l’armée, sans distinction de sexe, se compose d’une tunique, d’un large caleçon et d’un casque. Les soldats prennent le plus grand soin de leurs armes; il polissent leurs fusils, fourbissent leurs sabres et les tiennent à couvert quand ils ne sont pas de service. On conçoit tout ce qu’il y a de redoutable pour les malheureuses populations africaines dans l’organisation d’une telle armée. Les régimens se distinguent par leurs devises. L’un porte l’emblème d’un alligator, l’autre une couronne, un troisième une croix. Les officiers se font reconnaître par la finesse des étoffes de leurs vêtemens; ils ont en outre un collier de corail, et ils tiennent à la main un fouet dont ils font un fréquent et libéral usage pour régler les mouvemens de leurs troupes. L’instruction militaire des amazones est assez avancée. Parmi leurs exercices guerriers figure une danse qu’elles exécutent souvent dans les solennités et qui représente invariablement une scène de meurtre. De la main droite, la danseuse fait le geste de * couper la gorge à un ennemi renversé; ensuite, appuyant le pied sur l’épaule du mort, elle arrache avec les deux mains la tête à demi tranchée. Au reste, la danse ou plutôt la pantomime fait partie de l’étiquette de la cour; tous les ministres s’approchent du roi en dansant après l’accomplissement de leurs prostrations, et quand il plaît au roi d’exécuter a son tour un pas en l’honneur de quelque hôte de distinction, le chœur des assistans ne manque pas de l’imiter. M. Forbes, malgré le flegme britannique, s’est vu pris dans une de ces pantomimes qui