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exceptions particulières ; dans ce cas, l’Angleterre ne pourrait lui accorder la totalité des avantages qui. d’après les mesures projetées, seraient garanties à la navigation des états qui consentiraient à une assimilation plus parfaite. » Un document qui a été distribué au parlement contient les réponses des principaux cabinets. Certains pays ont adhéré immédiatement aux ouvertures de lord Palmerston : ce sont les États-Unis, la Suède, les Pays-Bas, le Brésil, etc. ; d’autres au contraire ont simplement annoncé qu’ils aviseraient, en laissant entendre que leur pavillon ne saurait encore se passer de protection. — Cependant, depuis la mise à exécution de la loi de 1849, tous les pays ont été admis indistinctement à profiter des faveurs nouvelles concédées à la marine étrangère. Si le cabinet de Saint-James n’obtient pas de tous la réciprocité qu’il sollicite, quel parti prendra-t-il ? Conservera-t-il intact le principe du libre échange ? ou bien, cédant aux instigations du parti protectioniste, entrera-t-il dans la voie des représailles ? Il est très difficile de résoudre à l’avance cette question. Si l’on considère que le ministère de lord John Russell ne se maintient qu’à l’aide d’une majorité libre échangiste, si l’on se reporte à la discussion même de l’acte de 1849 et aux vœux formellement exprimés par les principaux défenseurs de la réforme, il est permis d’espérer que la situation actuelle ne sera point modifiée, et que tous les pavillons continueront de jouir indistinctement des franchises récentes. Dans une discussion mémorable qui s’engagea, au mois de juin 1849, sur la réforme des tarifs, sir Robert Peel s’est attaché à démontrer que chaque nation doit pratiquer le système qui convient à ses ressources et à ses besoins, sans se préoccuper de l’attitude que pourraient garder les autres peuples. cette doctrine, qui condamne absolument le procédé des représailles, a été accueillie par la majorité du parlement comme une déclaration de principes, comme un article du code libre-échangiste. Un système qui tolère des exceptions perd en effet beaucoup de son autorité et de sa puissance. Les défenseurs de l’acte de 1849 ne l’ignorent pas ; tant qu’ils demeureront au pouvoir, ils reculeront sans doute devant le rétablissement, même partiel et temporaire, des surtaxes. Si cependant, aux élections prochaines, les boroughs, où l’élément agricole domine, envoyaient à la chambre des communes une majorité protectioniste, il paraît incontestable que dès ce moment le nouveau ministère, formé sous la direction de lord Stanley, s’empresserait de restreindre autant que possible l’application du libre échange, et cesserait en conséquence d’accorder gratuitement à tous les pavillons étrangers les franchises de navigation en retour desquelles il serait en droit d’exiger une réciprocité complète. La politique commerciale de l’Angleterre recevrait alors une direction contraire à celle que lui ont imprimée les votes du parlement actuel. Toutefois, l’acte du 20 juin 1849, restreint seulement