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exposition nouvelle il est convaincu d’insuffisance[1]. Il fallut donc se résoudre à construire un nouveau palais de cristal; mais le choix d’un emplacement convenable pour cet édifice n’était pas une difficulté médiocre. Il n’est pas de place publique à Bruxelles qui n’ait son monument, sa statue en marbre ou en bronze. Enfin on fit choix, pour y construire le palais de l’exposition, de la place du Musée, vaste quadrilatère dont le palais de l’Industrie et la Bibliothèque forment trois côtés. Ici encore, il est vrai, on rencontrait une statue colossale, celle du prince Charles de Lorraine; mais, comme on édifiait un palais de cristal, on se souvint fort à propos du sans-façon avec lequel M. Paxton avait traité les ormes de Hyde-Park, et on mit sous verre le colosse. La construction du palais de l’exposition universelle put ainsi s’achever sans nouvel encombre. Cet édifice carré se divise en onze salons de grandeur inégale : dix de ces compartimens sont remplis de tableaux et de sculptures; la statue du prince Charles occupe le onzième, situé au milieu du bâtiment. Dans ce vaste palais, près de quinze cents ouvrages ont trouvé place, tableaux, pastels, aquarelles, dessins, gravures, sculptures, bas-reliefs et médailles. Le nombre des exposans est de sept cent quarante et un : on compte quatre cent soixante et un Belges, cent trente-deux Français, soixante-six Allemands, cinquante-huit Hollandais, vingt-trois Italiens ou Suisses, un seul Espagnol. En somme, toutes les écoles importantes ont été représentées au palais de Bruxelles, et il est impossible de rencontrer un milieu plus favorable pour apprécier la valeur relative des travaux de l’école belge dans le mouvement général de l’art européen.

Si l’on commence par s’enquérir du genre qui domine dans chacune des écoles qui ont répondu à l’appel de la commission de Bruxelles, on remarque d’abord de grandes affinités entre l’école belge et l’école française. Un nombre à peu près égal d’artistes, toute proportion gardée, cultive en France comme en Belgique le genre historique et religieux, la peinture de genre, le paysage et le portrait. Le nombre des peintres de genre est un peu plus grand en Belgique, et la France l’emporte légèrement du côté de l’histoire. — L’école allemande apparaît avec un petit nombre d’œuvres d’histoire; mais le genre proprement dit s’élève chez elle à des proportions presque historiques. Ses paysagistes sont nombreux et habiles; l’Allemagne montre quelques

  1. Les expositions de Bruxelles ne sont cependant que triennales, parce qu’il y a trois capitales en Belgique, et que Gand et Anvers ont des exigences auxquelles il serait impolitique de résister. Ces expositions ont rarement réuni plus de mille tableaux ou objets d’art, et on en refuse à peu près autant, des meilleurs, s’il faut en croire les victimes du jury. L’encombrement du musée de Bruxelles ferait croire que les maîtres sont très communs en Belgique, s’il n’était plus sage de l’attribuer à la libéralité peut-être extrême avec laquelle le gouvernement remplit son rôle de protecteur des arts.