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L’ELDORADO


VOYAGE AUX MINES D’OR D’UPATA DANS LE VENEZUELA.[1]




Une tradition qui remonte aux premiers temps de la découverte de l’Amérique raconte qu’il y a sur ce vaste continent deux terrains aurifères d’une grande étendue : elle place le premier dans l’Amérique du Nord, et le second dans les régions équinoxiales. La découverte de ces deux terrains a été, bien avant notre époque, le but de plusieurs expéditions. Dans le nord, la plus considérable partit de l’ile de Cuba ; elle débarqua à Saint-Augustin, traversa de l’est à l’ouest l’immense territoire qui sépare l’Océan Atlantique du Mississipi, passa ce fleuve près de l’embouchure de la Rivière Rouge, et, remontant le cours de cette rivière, arriva jusqu’au 33e degré de latitude nord, à peu de distance de la Californie. Là, les renseignemens lui manquèrent, ou elle en reçut de faux. Elle revint sur ses pas jusqu’à l’embouchure de la Rivière Rouge, où elle perdit son capitaine, et se dispersa. Toutes les expéditions dirigées de ce côté eurent de même une issue malheureuse ; on en conclut, pendant près de trois siècles, qu’on avait été dupe de la tradition, et cependant la Californie existait.

Dans les régions équinoxiales, la même tradition amena pendant long-temps les mêmes mécomptes : on vit partir de Maracaibo, de Coro, de Bogota, du Pérou, de la Hollande et de l’Angleterre, plusieurs expéditions envoyées à la recherche de l’Homme doré (el Dorado). Toutes ces expéditions, traversant des tribus sauvages et souvent hostiles, marchaient dans la direction que de vagues renseignemens leur indiquaient. Elles s’enfonçaient au nord, au sud, à l’est ou à l’ouest, selon leur point de départ, et toutes venaient des quatre points cardinaux converger sur le territoire situé entre le 3me et le 8e degré de latitude

  1. Nous recevons du Venezuela ce curieux récit de la découverte de l’ancien Eldorado, que nous devons à un Français établi depuis long-temps dans le pays, M. Alphonse Ride, ingénieur civil de la province de Cumaua. La Revue, en se créant de nouveaux rapports dans les deux Amériques, pourra désormais donner plus de place aux intérêts et aux questions qui s’agitent dans ces jeunes républiques.