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au traité du 31 novembre. Il faut remarquer, en passant le courage, le dévouement que la Hollande avait apportés depuis tant d’années dans la défense d’une cause qui, après tout, loin d’être nationale, n’était que celle de son roi, et lui imposait des sacrifices sans nombre. Cette admirable patience était enfin à bout. Le pays succombait sous le fardeau d’un état armé hors de toute proportion avec ses ressources ; les impôts atteignaient un taux inoui, chaque année grossissait le chiffre de la dette publique, les pertes du commerce étaient immenses, et cependant la nation ignorait encore l’étendue des sacrifices que le gouvernement lui prépara préparait à son insu. Ce qu’elle savait de ses pertes l’avertissait trop clairement des dangers qu’entraînait pour elle la prolongation d’un si triste état de choses. Elle reprochait aux états-généraux l’adhésion qu’ils accordaient avec une imprudente facilité aux demandes du gouvernement ; on allait jusqu’à accuser les députés néerlandais de toucher les dividendes de la dette belge, toujours votés par eux. Les états-généraux, sous l’impression de ces reproches, commençaient dès 1835 à témoigner de la résistance ; ils insistaient sur la nécessité de reprendre à Londres les conférences interrompues depuis plusieurs années, malgré les allégations du gouvernement, qui s’efforçait de démonter que cette interruption ne provenait pas de son fait. À la session de 1837, les députés ne votèrent plus les impôts qu’à la condition expresse que le gouvernement donnerait une solution pacifique à une situation devenue intolérable.

Le roi se vit enfin contraint de céder et de renoncer à un système suivi depuis huit ans avec une incontestable habileté : il reprit les négociations en faisant proposer à la conférence un arrangement provisoire, analogue à celui qu’elle avait offert elle-même en 1834. Cet arrangement devait avoir pour résultat de faire exécuter les clauses stipulées par les vingt-quatre articles, sans lier les deux parties engagées et sans préjudicier à leurs droits respectifs. La proposition, malgré les efforts du gouvernement auprès de la conférence, fut à peine écoutée par la Russie. La Prusse et l’Autriche répondirent qu’avant tout la question du Luxembourg devait être résolue en faveur de la diète allemande ; enfin la conférence déclara qu’elle ne pouvait accepter une pareille proposition, son intention étant de fonder un état de choses définitif et non provisoire. De guerre lasse, le roi, abandonné par les états-généraux, qui refusèrent de se prêter à la reprise d’une campagne de dix jours, abandonné par les cours du Nord, cédant aux conseils du roi de Prusse, son beau-frère, se résigna et fit présenter à Londres une note qui contenait l’acceptation pure et simple des vingt-quatre articles. « Le roi, est-il dit dans cette note, constamment trompé dans son juste espoir d’obtenir de meilleures conditions pour ses sujets par la voie des négociations, s’est convaincu qu’il leur devait cette