Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 12.djvu/65

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aux ressources inépuisables fournies par Java, et se vit tout à coup à la veille d’une banqueroute. Les états-généraux ne purent résister à ce cri d’indignation générale qui parcourut le pays comme un frisson électrique. Pour la première fois, ils osèrent montrer une résistance énergique aux demandes du gouvernement. Ils insistaient, sur la suppression de la caisse syndicale, sur une réorganisation de la cour des comptes, sur une révision de la loi fondamentale. Le gouvernement, pour vaincre leur résistance, promit tout ; il promit la suppression de la caisse syndicale, qui, disait-il, ne répondait plus à sa destination depuis la séparation d’avec la Belgique. Le général van den Bosch, ministre des colonies, déclara que la prospérité des colonies auxquelles il avait consacré quarante ans de sa vie, dépendait des emprunts demandés ; que, si la chambre les refusait, elle détruirait toutes les créations du travail le plus persévérants et qu’il ne lui resterait plus alors qu’à donner sa démission. Les efforts du ministère furent inutiles. Le projet d’emprunt fut rejeté après une discussion orageuse (20 décembre 1839). Ce vote devait entraîner nécessairement le rejet des autres parties du budget présenté par le gouvernement. Le ministère cependant, loin de retirer le budget, le maintint dans toutes ses parties, mettant seulement à la place de l’emprunt proposé précédemment un autre emprunt de 31 millions. Ce projet fut rejeté après une coure délibération, dans la séance du 31 décembre 1839 à l’unanimité, moins une seule voix, celle du ministre des finances, M. Beelarts van Blokland. Le rejet du budget des dépenses amena le retrait du budget des voies et moyens et du dernier projet d’emprunt.

Le ministère ne fit rien pour atténuer l’effet moral de sa défaite. Il fallait cependant pourvoir, aux besoins de l’année 1840. Un message du roi fut envoyé aux états-généraux : ce message proposait de maintenir les dispositions du budget de 1839 pendant les premiers mois de 1840, et de combler le déficit au moyen d’un emprunt de 30 millions. Examinée par les bureaux, cette nouvelle demande se trouva dépasser de 12 millions les demandes primitives du ministère. La chambre, tout en communiquant ses observations au gouvernement, consentit à voter le budget de 1839 pour six mois et un emprunt de 12 millions, à la condition expresse que la constitution serait révisée, que cette révision consacrerait la publicité de l’administration des finances et la suppression de la caisse syndicale. Le gouvernement se soumit.

Le ministère avait pris l’engagement de présenter incessamment un projet de révision aux, états-généraux. Il exécuta cette promesse comme il avait exécuté celle des réformes dans le budget Le message royal qui accompagnait les projets relatifs aux modifications de la loi fondamentale, présentés le 30 décembre, disait : « Toujours disposé à contribuer au bonheur du peuple que Dieu a confié à nos soins, nous