D’UN HUMORISTE.
Ce n’est pas tous les jours qu’on rencontre sur son chemin un picaro littéraire, un vrai bohémien, comme George Borrow espèce de Juif errant, — j’en demande pardon à la Société biblique dont il est, dont il fut du moins un des missionnaires ; — homme d’aventure, de hasard, de ressources imprévues, ne doutant de rien, ne redoutant, rien ; domptant le danger par l’audace, et la pauvreté par la résignation philosophique ; — esprit subtil d’ailleurs, mais plein de caprices, de goûts bizarres, d’instincts contradictoires et heurtés ; — Gil Blas philologue, Lazarille érudit, don Guzman poète et rêveur, quand le rêve et la poésie le prennent ; par-dessus tout et avant tout, épris de sa liberté, qu’il garderait même sous la livrée… où l’on serait tenté de croire qu’elle se trouve le plus souvent !
Étrange camarade, en vérité ! Lorsque parut son premier ouvrage ; la monographie des Bohémiens espagnols[1], on lui trouva une saveur étrange : — celle du vrai. Il était évident que l’auteur avait pratiqué son sujet. On ne pouvait douter qu’il ne parlât le pur rommany, qu’il
- ↑ The Zincali. London, Murray.