Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/660

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

diurne. En même temps ils mirent en usage les mots nadhir et simet, que nos père, au moyen-âge, transformètrent en nair et zénith.

On retrouve dans la Koran la mention des douze constellation zodiacales appelées bordj, mot qui est une altération du grec pyrgos ou tour, et celle des mansions lunaires[1], adoptées depuis les siècles les plus reculés par les Chinois et les Indiens, et que ceux-ci transmirent sans doute aux Arabes ; mais Mahomet n’indique pas le nombre des mansions lunaires, et il se tait sur les inductions astrologiques qu’elles fournissaient aux savans de l’Inde et de la Chine, Les Arabes n’eurent d’abord des constellations zodiacales qu’une notion vague et dont ils ne faisaient aucune application ; ce n’est que sous le règne d’Almamoun qu’ils les connurent d’une manière complète, lorsque les doctrines indiennes envahirent l’Asie occidentale. Alfergany, dans son traité d’astronomie, qui est basé sur les méthodes grecques, nous a donné la liste de mansions lunaires, et, ce qui est digne de remarque ; il en énumère vingt-huit. C’était effectivement le nombre admis dès le principe ; mais, au Xe siècle de notre ère, une de ces mansions fut supprimée par les Indiens, qui n’en comptent plus maintenant que vingt-sept. Le nombre primitif s’est maintenu chez les musulmans.

L’usage des mansions lunaires, modifié par les Arabes, pénétra par le canal de ce peuple jusqu’en Occident. Nous en avons la preuve dans un calendrier arabe et latin, rédigé à Cordoue dans le Xe siècle de notre ère. On les voit aussi représentées sur une carte catalane, monument géographique du XIVe siècle conservé à la Bibliothèque nationale de Paris. En Orient, cet usage s’est perpétué jusqu’à nos jours, comme on peut s’en assurer en jetant les yeux sur les almanachs qui s’impriment au Caire chaque année.

Le zodiaque arabe, ainsi que celui des Persans et des Indiens, est une simple imitation du zodiaque grec pour les noms et la forme des signes. On peut en dire autant de la plupart, des constellations situées au nord et au sud de la bande zodiacale. Le nombre des étoiles signalées par les Grecs est de mille vingt-cinq, réparties, suivant la grandeur, en six classes ; elles formaient en tout vingt-huit constellations. Cette division passa, sous le khalifat d’Almamoun, chez les Arabes, qui remplacèrent par des noms grecs la plus grande partie des noms attribués aux étoiles par leurs ancêtres. Il n’y eut d’exception que pour les étoiles qui, n’étant pas visibles sous l’horizon d’Alexandrie, étaient restées inconnues aux Grecs.

Les globes célestes construits par les. Arabes et leurs catalogues d’étoiles présentent un avantage sur ceux qui furent l’ouvrage des anciens, ou que nous a laissés le moyen-âge. Faits ou rédigés dans des contrées situées plus près de l’équateur que les nôtres, ils décrivent des constellations de l’hémisphère sud qui ne se sont révélées aux Européens que lorsqu’ils eurent fait le tour de l’Afrique. M. Reinaud a expliqué ainsi comment Dante a pu mentionner dans son Purgatoire plusieurs étoiles australes qui n’ont été découvertes que deux cents ans après le siècle où vécut le poète florentin.

La manière dont les Arabes s’orientent a pour point de départ tantôt le lieu où le soleil se lève, tantôt le temple de la Mecque, la Kaaba ou maison carrée.

  1. On désigne ainsi les positions successives qu’occupe la lune dans le ciel par rapport à certaines constellations, en parcourant son orbite.