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compte de Zumalacarregui, revint a Pampelune pour n’en plus sortir, laissant le commandement de sa division à Lorenzo.

Après avoir prouvé qu’il savait échapper à ses adversaires, Zumalacarregui devait prouver qu’il pouvait les combattre et qu’il saurait les vaincre. Son ascendant sur les insurgés était à ce prix. Il se résolut donc à un engagement, et il attira sur le terrain qu’il avait choisi la colonne de Lorenzo, que le colonel Oraa venait de rejoindre avec une division de l’armée d’Aragon. Dans cet engagement, il savait bien qu’il serait vaincu ; il prit même ses dispositions pour ne point garder le champ de bataille, s’il était vainqueur. Il regardait par-delà le combat, comme on va le voir. L’endroit qu’il avait choisi semble avoir été de tout temps prédestiné aux batailles. C’est Asarta dans la vallée de Berrueza, sur une route dominée par des rochers couverts de bois et qui débouche au pont d’Arquijas sur l’Ega Cette position avait été déjà fatale, d’abord à Mina qui en avait été rudement chassé par les Français durant la guerre de l’indépendance, puis à Quesada, qui y avait été vaincu par les constitutionnels en 1822. Zumalacarregui devait lui-même y retourner trois fois avec des fortunes diverses.

Cette fois, le combat s’engagea le 29 décembre 1833, par une matinée pure et brillante. S’il ne fut pas long, les volontaires du moins se battirent plus résolument peut être que leur chef ne l’espérait : ils tinrent ferme jusqu’à ce que leurs cartouches furent épuisées. Alors Zumalacarregui, avant qu’ils fussent entamés, les fit replier en bon ordre derrière le pont d’Arquijas d’où il les conduisit dans la vallée des Amescoas. Il savait fort bien que les christinos n’oseraient l’y suivre. Lorenzo n’en publia pas moins un bulletin triomphant. L’exagération était habituelle aux deux partis : si tous les soldats portés comme morts par les généraux espagnols dans leurs dépêches avaient été réellement tués dans les batailles, ta population tout entière de l’Espagne n’aurait pas suffi à cette guerre civile.

Comme Lorenzo et Oraa n’avaient pas poursuivi les carlistes dans les Amescoas, et qu’au contraire ils : étaient restés deux jours après la bataille avant de rentrer à Los Arcos, l’effet moral du combat d’Asarta ne manqua pas de tourner en faveur de Zumalacarregui Ce qu’il avait prévu arriva. Après l’engagement d’Asarta, de nouveaux volontaires vinrent le joindre de tous côtés à Guezalaz, au-dessus d’Estella, et les riches propriétaires des vallées, qui jusque-là s’étaient tenus à l’écart, s’engagèrent enfin dans une cause qui promettait d’être si bien défendue.

Les premières opérations de Zumalacarregui eurent pour résultat à Madrid la chute d’un ministère, le rappel de Saarsfield, une levée de vingt-cinq mille hommes. – Une nouvelle campagne allait s’ouvrir avec l’année 1834. Le général carliste avait pris pour quartier de réserve