ou Henri VIII, Ferdinand-le-Catholique ou Gustave Wasa, François Ier ou Charles-Quint, partout le trône était devenu le symbole de l’ordre, partout le besoin de l’autorité suprême se faisait sentir, et le pouvoir public ne prenait plus d’autre forme que celle de la monarchie pure.
Cette disposition universelle en Europe à la fin du XVe siècle et au commencement du XVIe n’était nulle part plus manifeste qu’en France : elle y avait suivi une marche progressive et ascendante, non-seulement depuis Louis XI, qui lui avait donné une impulsion plus régulière et plus certaine, mais en remontant à Charles à Philippe-le-Bel, à saint Louis même. Les Guise se mirent en travers de ce mouvement, et parvinrent à le suspendre en croyant, au contraire l’accélérer à leur profit. Ils savaient bien que la France ne consentirait pas à se passer de la royauté, mais ils crurent pouvoir lui donner une royauté de rechange. Les circonstances semblaient en effet concourir à leur dessein. L’avilissement d’Henri III et l’hérésie du roi de Navarre, double cause de ruine semblaient ouvrir une large et facile carrière à l’usurpation. Pour faire crouler plus vite cette monarchie affaiblie et isolée. Henri de Guise lança contre elle toutes les forces d’une association religieuse. À un principe qu’il croyait mort, il opposa un autre principe qui lui semblait plein de vitalité et d’énergie. Il se trompait sur le premier point : ce qu’il prenait pour la mort n’était qu’une paralysie. Guise s’aventura sur un faux calcul qui ne pouvait le conduire qu’à sa perte. Fût-il sorti du château de Blois sain et sauf, la tête haute et la dague au poing ; eût-il rougi les pavés du sang de Valois, il ne pouvait obtenir qu’un triomphe éphémère ; la royauté victorieuse se serait relevée pour le frapper au cœur, car l’établissement qu’il prétendait créer n’était pas la rénovation, mais la négation de la monarchie.
Cet établissement était impossible par plusieurs raisons, dont voici les principales : d’abord, il était fondé sur un mouvement municipal factice, qui s’est reproduit en France à divers intervalles, et qui n’ayant puisé à aucune époque dans son principe la faculté de se développer et de vivre, a toujours fini, et cela très promptement, par l’anarchie de tous et la tyrannie de quelques-uns. Les exemples en sont multipliés dans notre histoire ; ils reparaissent périodiquement sous la même forme. Qu’on examine, en effet, les diverses phases du pouvoir municipal en France. Marcel, ce Danton prématuré qu’on voudrait réhabiliter aujourd’hui, ne fit que servir de transition aux crimes de la jacquerie, comme la ligue à la sanglante anarchie des seize, comme Bailly à Pétion, comme Pétion à la commune de Paris et au comité de salut public. Pourtant il ne manque pas d’écrivains qui, désespérant de fixer l’attention par des recherches sérieuses, par une étude approfondie des sources, n’ont publié des textes inconnus ou négligés que pour les tronquer, pour les détourner de leur vrai sens ; qui, sous le vain prétexte d’une prétendue restauration historique,