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le clergé sur les privilèges d’une religion d’état, la bourgeoisie sur le principe du travail dans l’intérieur des villes, et l’ordre des paysans sur la propriété foncière rurale. Chacune de ces classes est entourée par la constitution de barrières difficiles à franchir, et la représentation nationale reproduit absolument la même division. — La noblesse est héréditaire et peut être conférée par le roi. Les chefs de toutes les familles nobles du royaume siégent à la diète par droit d’hérédité depuis l’âge de vingt-cinq ans. — L’ordre du clergé, présidé par l’archevêque d’Upsal, métropolitain de la Suède, se compose de tous les évêques, des ministres nommés par leurs collègues et de plusieurs députés envoyés par les universités d’Upsal et de Lund et par l’académie des sciences. — Il faut, pour être compté parmi les bourgeois, habiter dans l’enceinte même d’une ville et y avoir payé pendant un certain temps une contribution fixée, ou bien avoir rempli pendant trois ans dans une ville les fonctions de bourgmestre ou de conseiller ; il faut surtout, dans tous les cas, avoir fait partie pendant trois années au moins d’une corporation industrielle ou commerçante. On ne peut être admis dans une corporation qu’après avoir été présenté et avoir fait admettre par des jurys spéciaux un chef-d’œuvre. L’élection des députés de la bourgeoisie à la diète est directe ou indirecte, suivant les localités. — Enfin la classe très nombreuse des paysans, comprenant tous les habitans des campagnes qui travaillent à la terre, ne peut être représentée à la diète que par de véritables paysans comme eux, propriétaires, mais cultivant de leurs mains leurs propres champs, domiciliés dans le canton oui ils sont élus et n’ayant jamais exercé ni aucun commerce ni aucune charge de l’état. L’élection de ces députés-paysans se fait à deux degrés. Tous les députés des trois ordres non nobles reçoivent une indemnité de leurs commettans pendant la durée de la session.

La diète, ainsi constituée, se réunit tous les trois ans, ordinairement à Stockholm. Les trois derniers ordres siégent dans trois grandes salles d’un édifice très simple situé à quelque distance du château, dans l’île des Chevaliers. La noblesse ou l’ordre équestre a pour lieu de ses réunions un beau monument construit dans le même quartier de la ville. L’aspect de la salle des séances est sévère et imposant. Bien que l’assemblée des nobles soit souvent nombreuse, on conçoit que l’absence de députés d’un autre ordre, jointe au caractère grave et paisible des hommes du nord, y maintienne plus de calme et de silence que dans les parlemens de la France et de l’Angleterre. De même, il ne faut chercher dans les chambres suédoises ni gauche ni droite, chaque salle comprenant un seul ordre dont les membres, assis sur plusieurs rangs parallèles de bancs ou de chaises, se trouvent ordinairement d’accord pour des intérêts qui leur sont communs. Pas de tribune, pas de longs