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JOSEPHINE GRASSINI.




Il y a un an à peine que l’une des plus célèbres cantatrices italiennes du commencement de notre siècle se mourait à Milan, dans la ville même qui fut le théâtre de ses premiers succès. Le nom de Mme  Grassini brille d’un éclat tout particulier parmi les virtuoses et les artistes distingués qui ont fait l’ornement de la cour de Napoléon. Amenée en France par le vainqueur de l’Italie, après la bataille de Marengo, Mme  Grassini a cessé de chanter en public à la chute du maître du monde, dont elle avait été une des plus charmantes conquêtes. Après Mme  Catalani, dont nous avons ici même apprécié l’aimable talent et le noble caractère[1], Mme  Grassini a sa place marquée parmi les cantatrices célèbres de notre siècle ; elle appartient à la même période de l’art, au même groupe d’artistes d’élite, et forme avec sa brillante contemporaine un contraste des plus heureux.

Joséphine Grassini était née à Varèse, village du Milanais, en 1773. Fille d’un pauvre cultivateur et douée d’une rare beauté, elle fut remarquée toute jeune encore par le général Belgiojoso, qui s’intéressa à son avenir et la conduisit à Milan, où elle étudia la musique et l’art de chanter sous les meilleurs maîtres alors connus. Ses progrès très rapides, joints aux charmes de sa personne et à la beauté de son organe, lui acquirent bientôt une assez grande renommée parmi les dilettanti à la mode. Après s’être essayée dans plusieurs concerts publics, et même sur quelques théâtres particuliers, Mme  Grassini débuta pour la première fois sur le grand théâtre de la Scala, à Milan, en 1794. Elle parut d’abord dans un opéra de Zingarelli, Artaserse, avec le fameux

  1. Voyez la livraison du 1er octobre 1849.