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prêts à repousser toute attaque des noirs, et ils en tiraient au besoin &’éclatantes vengeances. Un chef des Matibili, nommé Matzellikatze, en fit la terrible expérience, ses sujets ayant, sans provocation, enlevé quelques têtes de bétail aux émigrans et tué on blessé plusieurs d’entre eux.

« Le 3 janvier 1837, dit le capitaine Harris, un commando, composé de cent sept Hollandais, de quarante Griquas qui avaient signé un traité avec Peter David, et de soixante sauvages armés, mais à pied, partit du camp de Thaba-Uncha, sous la conduite d’un guerrier, qui, ayant été pris dans l’affaire du 29 octobre, n’aurait jamais osé se représenter devant son maître. Faisant un détour par le nord-ouest, l’expédition surprit les Matibili du côté où ils s’attendaient le moins à être attaqués. Une fertile et jolie vallée, fermée au nord et à l’est par les montagnes Kurrichane, et présentant l’aspect d’un bassin qui peut avoir dix ou douze milles de circonférence, contenait la ville militaire de Mosega et quinze autres des principaux kraals de Matzellikatze, habités alors par Kalipe et un grand nombre des guerriers de la tribu. C’était là que se dirigeaient les fermiers émigrés. Lorsque les premiers rayons du soleil annoncèrent la matinée du 17 janvier, la petite troupe de l’émigrant Maritz déboucha tout à coup et en silence d’une gorge située derrière la maison des missionnaires américains, et, avant que le soleil eût atteint son zénith, quatre cents cadavres de guerriers choisis, la fleur de la chevalerie barbare, étaient couchés par terre. Aucune créature n’avait annoncé l’approche du danger, et le fracas d’une balle entrant par la fenêtre de l’une des chambres à coucher des missionnaires leur apporta la première nouvelle des terribles événemens qui allaient s’accomplir. Si parfaites étaient les dispositions militaires prises en vertu des renseignemens fournis par le prisonnier, que la vallée était complètement investie, que toute issue était occupée. Les Matibili coururent aux armes et se défendirent bravement ; mais ils étaient tués comme des moineaux dès qu’ils se montraient, et pas un de leurs coups n’entama les casaques de buffle des Hollandais. »

Cet état d’incertitude ne pouvait cependant pas durer. Obligés de vivre par campemens assez éloignés les uns des autres pour trouver des pâturages à leurs troupeaux, les Boers perdaient le sentiment de l’unité qui pouvait seul les sauver. Déjà il se formait des partis, ceux-ci penchaient pour Maritz et ceux-là pour Potgieter, deux des émigrans les plus considérés, et l’anarchie menaçait de s’en mêler, lorsqu’enfin il se présenta aux Boers un chef actif, capable, respecté et aimé de tous, dans la personne de P. Retief. C’était un homme d’un esprit entreprenant, d’un caractère fier et ferme, d’un courage à toute épreuve.

« En 1820, dit le Graham’s-Town Journal du 17 novembre 1836, il habitait Graham’s-Town, et il passait pour l’homme le plus riche de la province d’Albany. La bienveillance avec laquelle il reçut alors les émigrés anglais, l’assistance qu’il leur prêta en toute occasion, l’intérêt qu’il porta à leurs premiers efforts, leur ont laissé pour lui des souvenirs d’éternelle gratitude. Malheureusement il se laissa entraîner dans quelques spéculations complètement étrangères