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à sa table pour le jour même, à la neuvième heure, environ trois heures après midi. Les ambassadeurs d’Occident devaient également s’y trouver.

La salle du festin était une grande pièce oblongue, garnie à son pourtour de sièges et de petites tables mises bout à bout, pouvant recevoir chacune quatre ou cinq personnes. Au milieu s’élevait une estrade qui portait la table d’Attila et son lit, sur lequel il avait déjà pris place ; à peu de distance derrière, se trouvait un second lit, orné comme le premier de linges blancs et de tapis bariolés et ressemblant aux thalami en usage en Grèce et à Rome dans les cérémonies nuptiales. Au moment où les ambassadeurs entraient, des échansons, apostés près du seuil de la porte, leur remirent des coupes pleines de vin, dans lesquelles ils durent boire en saluant le roi : c’était un cérémonial obligatoire que chaque convive observa avant d’aller prendre son siège. La place d’honneur, fixée à droite de l’estrade, fut occupée par Onégèse, en face duquel s’assirent deux des fils du roi. On donna aux ambassadeurs la table de gauche, qui était la seconde en dignité ; encore s’y trouvèrent-ils primés par un noble hun, du nom de Bérikh, personnage considérable qui possédait plusieurs villages en Hunnie. Ellac, l’aîné des fils d’Attila, prit place sur le lit de son père, mais beaucoup plus bas ; il s’y tenait les yeux baissés, et conserva pendant toute la durée du festin une attitude pleine de respect et de modestie. Quand tout le monde fut assis, l’échanson d’Attila présenta à son maître une coupe remplie de vin, et celui-ci but en saluant le convive d’honneur qui se leva aussitôt, prit une coupe des mains de l’échanson posté derrière lui, et rendit le salut au roi. Ce fut ensuite le tour des ambassadeurs, qui rendirent pareillement, la coupe en main, un salut que le roi leur porta ; tous les convives furent salués l’un après l’autre, suivant leur rang, et répondirent de la même manière ; un échanson muni d’une coupe pleine se tenait derrière chacun d’eux. Les saluts finis, on vit entrer des maîtres d’hôtel portant sur leurs bras des plats chargés de viandes qu’ils déposèrent sur les tables ; on ne mit sur celle d’Attila que de la viande dans des plats de bois, et sa coupe aussi était de bois, tandis qu’on servait aux convives du pain et des mets de toute sorte dans des plats d’argent, et que leurs coupes étaient d’argent ou d’or. Les convives puisaient à leur fantaisie dans les plats déposés devant eux, sans pouvoir prendre plus loin. Lorsque le premier service fut achevé, les échansons revinrent, et les saluts recommencèrent ; ils parcoururent encore, avec la même étiquette, toutes les places, depuis la première jusqu’à la dernière. Le second service, aussi copieux que le premier et composé de mets tout différens, fut suivi d’une, troisième compotation, dans laquelle les convives, déjà échauffés, vidèrent leurs