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il est fort difficile d’en préjuger les effets ; c’est le temps qui doit prononcer en dernier ressort. Le temps seul nous apprendra jusqu’à quel point la dernière refonte de l’impôt des boissons est de nature à augmenter le bien-être et la moralité des populations.


RESUME

Le budget provisoire qui allait être mis en discussion par l’assemblée législative avouait un déficit de 58 millions, en comptant 8 millions de ressources extraordinaires appliquées au soulagement de cet exercice, et, abstraction faite de ces ressources extraordinaires, un déficit réel de 66 millions.

Suivant le décret du 17 mars, malgré le bénéfice de la conversion des rentes, malgré la plus-value espérée sur les sels et les boissons, l’insuffisance sera d’environ 54 millions, même après avoir fait recette de 59 millions de ressources extraordinaires, de sorte que si on balançait seulement le produit des impôts et revenus par les dépenses, le découvert prévu dès aujourd’hui s’élèverait à 113 millions.

Suivant les traditions ministérielles, on promet, dans l’exposé des motifs, que l’équilibre se trouvera rétabli inévitablement à la fin de l’exercice, par suite de la progression des recettes indirectes et par le retranchement des sommes non employées. D’ordinaire, c’est à grand’peine que les annulations de ce genre compensent les crédits supplémentaires. Un trimestre est déjà écoulé, il est vrai, mais les neuf derniers mois de l’année se passeront-ils sans que des besoins se révèlent ? Cela serait sans exemple. La première chose qu’il faut prévoir en finances, ce sont les dépenses imprévues.

Quant à la dette flottante, qui s’élevait, dès le 1er mars, à 642 millions, le service en est considérablement allégé par le traité conclu avec la Banque de France, aux termes duquel 75 millions sur les 125 qui sont dus seront remboursés par paiemens échelonnés en quinze ans, à partir seulement de l’année prochaine. Nous ne renouvellerons pas ici les débats qui s’élèvent périodiquement entre les hommes spéciaux pour décider si la dette flottante est tolérable ou trop chargée. Dans les temps calmes, elle n’est jamais une cause d’embarras : elle est toujours trop forte dans les jours de crise, et ce sont ces jours-là que les financiers doivent avoir surtout en perspective.

Il est à remarquer qu’en matière de finances, une sorte de solidarité existe entre tous les hommes qui ont manié successivement les affaires. L’action d’un ministre n’est jamais indépendante : elle est enchaînée par les actes de ses devanciers. On accepte une situation, on la modifie avec plus ou moins d’habileté ; mais on ne peut pas la transformer