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complètement, car elle est le fruit naturel du système enraciné depuis long-temps. Ne semblerait-il pas, par exemple, que le déficit, plus ou moins dissimulé, est devenu l’état normal de notre pays ? Ceux qui se sont produits de 1800 à 1830 ont donné lieu à des créations de rentes qui représenteraient certainement en capital absorbé plus de deux milliards. — Sous la dynastie de juillet, l’ensemble des dépenses de toute nature a dépassé les recettes ordinaires de 2 milliards 488 millions. — Le découvert de l’année 1848 a exigé des ressources extraordinaires pour 560 millions, y compris les 103 millions obtenus par la suppression de l’amortissement. Depuis cette époque, les excédans de dépenses sur les recettes donnent les résultats suivans que nous empruntons à un document parlementaire. — 1849 : les recettes ordinaires laissent une insuffisance de 389 millions, somme qu’on a réduite à 247 par l’application des ressources enlevées à l’amortissement. — 1850 : l’insuffisance est de 201 millions ou seulement de 128 millions, déduction faite des ressources de l’amortissement. -1851 : bien que les comptes de cet exercice n’aient pas encore été publiés, on entrevoit que les recettes ordinaires seront dépassées par les dépenses générales d’environ 164 millions, sur lesquels il y a à rabattre, comme de coutume, les 76 millions provenant de l’amortissement. – 1852 : il résulte de tout ce qui précède qu’abstraction faite des ressources exceptionnelles, telles que les 18 millions produits par la vente des bois, les 44 millions recouvrés sur les compagnies de chemins de fer et les 77 millions enlevés à l’amortissement, les recettes ordinaires présenteront une insuffisance de 189 millions.

Ainsi, en quatre ans, les recettes normales, c’est-à-dire celles qui proviennent naturellement des impôts et revenus publics, seront probablement inférieures aux déboursés de 943 millions. Sur cette somme, on aura pu réduire 368 millions, retirés à l’amortissement, et 71 millions, avancés aux compagnies de chemins de fer, auront été recouvrés. Il n’en restera pas moins une insuffisance d’environ 500 millions. Cela correspond à la moyenne des vingt dernières années, qui laissent un déficit de 100 à 125 millions par exercice. Un système financier qui donne de pareils’ résultats ne crée-t-il pas des dangers ? N’appelle-t-il pas des réformes ?


ANDRE COCHUT.