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LE VILLAGE

Scènes Provinciales.


PERSONNAGES.

GEORGE DUPUIS, ancien notaire; soixante ans, le front chauve, l'oeil doux et vif; costume un peu arriéré. THOMAS ROUVIÈRE; soixante ans; élégance d'un vieux viveur; barbe en éventail; verbe haut, un peu fanfaron.
REINE DUPUIS, sa femme, cinquante-cinq ans, petite, rondelette, active, vêtemens noirs. MARIANNE, vieille domestique.

(la scène se passe dans un bourg du cotentin.)


Un salon servant de salle à manger. Ameublement en vieille tapisserie, style Louis XV. Au-dessus d’un canapé, une belle pendule de la même époque, en écaille incrustée de cuivre. Entre deux fenêtres, un baromètre. Quelques portraits de personnages poudrés, tenant une lettre à la main. — Sur la cheminée, une pendule à globe, du plus mauvais style troubadour impérial ; deux vases de fausses fleurs. Sur la tablette et sous les globes, nombre de curiosités d’un goût douteux. Il est six heures du soir en hiver. George Dupuis, Mme Dupuis et Bouvière sont à table devant un bon feu. — Marianne va et vient pour le service. — Une grosse chatte blanche cherche fortune autour de la table.

Mme DUPUIS.

C’est comme je vous le dis, monsieur Rouvière, je l’ai cru fou, — entièrement fou... A bas, Minette !... Il montait l’escalier quatre à quatre, en criant : C’est Tom ! c’est Tom Rouvière ! c’est ce diable de Tom !... Pardon, monsieur Rouvière, mais c’est son mot, vous savez ? — Et moi, je le suivais clopin-clopant en me tuant de lui dire que c’était bien plutôt M. du Luc avec sa nouvelle calèche,... car je savais par Mme Le Rendu que M. du Luc dînait aujourd’hui à Sémonville,

TOME XIV. — 15 AVRIL. 13