Page:Revue des Deux Mondes - 1852 - tome 14.djvu/305

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quelle vitesse une masse projetée par un volcan lunaire devait avoir pour ne plus retomber sur la lune. Toutefois les observations effectuées pour apprécier la vitesse des météores qui pénètrent dans notre atmosphère ne furent point favorables à l’hypothèse sélénique. Cette vitesse est beaucoup trop grande, et une pierre venant de la lune avec la rapidité qui appartient aux météores ignés ne tomberait pas sur la terre, mais continuerait à cheminer.

À ce point, après qu’on se fut occupé d’estimer la hauteur, la vitesse et la direction des étoiles filantes, une nouvelle hypothèse surgit, et les astronomes considérèrent ces météores comme des astéroïdes qui tourneraient autour du soleil et que la terre rencontrerait aux nœuds communs de leurs orbites. Cette hypothèse fut suggérée par l’apparition extraordinaire d’étoiles filantes, dans la nuit du 12 novembre 1833, aux États-Unis d’Amérique. Ce fut en effet une apparition remarquable ; toute la nuit, il tomba du ciel une pluie de feu. Toutefois M. Saigey, discutant les renseignemens fournis par les observateurs américains, arrive à conclure qu’ils sont entachés d’exagération. Établissant que ses propres observations donnent deux cents étoiles filantes pour un globe enflammé, et que quatre globes enflammés seulement furent aperçus aux États-Unis, il suppose que le nombre des étoiles n’a guère dépassé huit cents. Le phénomène alla croissant depuis le soir jusqu’au jour ; c’est du reste un résultat que démontrent sans réplique les observations faites depuis en Europe et en Amérique : l’apparition des étoiles filantes est toujours progressive du soir au matin. MM. Coulvier-Gravier et Saigey ont pour cela une expérience de longues années, et jamais une nuit n’a été abondante en météores sans que l’observation du soir ne l’ait fait pressentir ; en d’autres termes, jamais ils n’ont vu une apparition soudaine d’étoiles filantes.

Cette apparition extraordinaire, qui du reste, ne se distinguait pas des autres apparitions, extraordinaires aussi, qu’on avait eu occasion maintes fois d’observer, non-seulement avant cette époque, mais encore postérieurement, appela l’attention des astronomes. Comme les observations ne tardèrent pas à montrer qu’il y avait un retour périodique d’étoiles filantes au mois de novembre, ils s’emparèrent de ce fait et supposèrent qu’il était dû à un anneau composé d’astéroïdes et tournant comme une planète autour du soleil. Bientôt cependant d’autres retours périodiques furent aperçus, qui vinrent compliquer la question. Aussi les hypothèses se multiplièrent ; on varia sur la durée de la révolution de ces astéroïdes, sur l’inclinaison de leurs orbites, et il devint dès-lors évident que l’hypothèse ne cadrait pas avec le phénomène et qu’elle devait être abandonnée. « Les observations faites durant cette période, dit M. Saigey, et les catalogues formés d’anciennes observations ne seront pas inutiles à la science. Il était nécessaire d’essayer de