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et posées à la surface de terrains d’une nature tout-à-fait différente. La plus remarquable de ces masses, ou du moins celle qui a le plus engendré de discussions, est la masse dite de Pallas, voyageur qui, le premier, en a donné la description. En 1749, on découvrit un riche filon de fer au sommet d’une montagne en Sibérie ; puis, l’année suivante, à 150 toises de là, on trouva une grande masse de fer sur la bossé d’une montagne schisteuse et à la surface même du sol : il n’existait dans toute la montagne aucune trace d’anciens travaux de fonderie. Les Tartares croyaient que cette masse était tombée du ciel, et la regardaient comme sacrée. Elle pesait près de 690 kilogrammes. On a rencontré en beaucoup d’autres lieux des masses de fer pareilles. La plus considérable paraît être celle qui a été trouvée dans l’Amérique méridionale, province de Chaco, près Otumpa, pesant 300 quintaux, dans une contrée où il n’y a ni mine de fer, ni montagne, ni même aucune pierre : elle était enfoncée dans un terrain crayeux. De pareilles observations touchent à une foule de questions géologiques. Il y a eu une époque où des masses de fer nous sont arrivées en traversant notre atmosphère, masses qui maintenant gisent dispersées çà et là sur le sol. Les espaces célestes entrent en partage dans la formation de l’écorce terrestre, et rien ne nous défend de penser que la terre peut rencontrer en son chemin toutes les substances qu’elle renferme déjà dans son sein, et qui ont aussi, elles comme tout le reste, une origine céleste, car la terre n’est-elle pas dans le ciel ?

Les travaux sur les étoiles filantes sont maintenant assez avancés pour ouvrir une longue perspective à l’exploration scientifique. Beaucoup d’années seront nécessaires pour étudier le phénomène dans ses détails et dans ses conséquences. C’est sans doute un phénomène astronomique, mais qui ne comporte pas les méthodes astronomiques proprement dites. Aucun instrument destiné à la mesure des angles ne pouvant s’appliquer à l’observation des météores, il est impossible d’obtenir autre chose que des nombres ronds, des degrés, par exemple. « Or, dit M. Saigey, les mesures au degré sont, pour les astronomes, des blocs informes avec lesquels il leur est impossible d’édifier aucun monument. Habitué à manier la numération par le petit bout, l’astronome ne s’intéresse qu’aux minutes, et, s’il préfère quelque chose aux secondes, ce sont leurs dixièmes et leurs centièmes. » C’est donc un nouveau genre d’observation et de méthode qu’il faut pour un phénomène ancien dans la nature, nouveau dans la science.


C’est l’œuvre de la science de renouveler toutes les notions, défaisant d’une main et reconstruisant de l’autre. L’humanité, a dit Pascal, se comporte comme un être qui, vivant toujours, apprend toujours. Dans cette évolution se trouve comme base la somme d’instincts, de