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comme des in-12, et vingt et une des pièces correspondantes ; vendues par M. Libri, sont décrites sur son catalogue comme des in-8o ; 3° le n° 10 de la Mazarine est de Rome, 4595 ; l’exemplaire de M. Libri de 1555. Le n° 16 de la Mazarine est de Bologne, 1594 ; l’exemplaire de M. Libri, de Florence. Le n° 22 de la Mazarine est imprimé à Sienne ; l’ouvrage vendu par M. Libri est de Florence. Quant aux différences sans fin que présentent les titres sur les deux catalogues, je ne vous en entretiendrai pas, mais j’en ai un relevé très exact à votre service.

Les erreurs du même genre sont nombreuses, et l’on s’aperçoit qu’on a copié les titres des ouvrages incriminés sur le catalogue de vente de M. Libri sans les vérifier au moyen des catalogues de la bibliothèque Mazarine. Ainsi trois petits recueils de proverbes italiens désignés dans l’acte d’accusation sous les n°s 35, 36 et 37, diffèrent par le format et par les titres des recueils perdus par la bibliothèque Mazarine. Par exemple, le n° 35 est cité dans l’acte d’accusation comme in-8o, imprimé à Turin, et l’exemplaire perdu par la bibliothèque Mazarine ne porte pas d’indication de ville et est désigné comme in-12. Vous noterez encore à propos de ce livre une confrontation d’estampille non moins heureuse que les précédentes.

Poursuivons. À Grenoble, M. Libri aurait volé dans un recueil Stramboti… da Sasso Modonese (sic), Milan, 1551, et la preuve, c’est qu’il en a vendu une édition de 1511, comme le témoigne son catalogue. Notez en passant que ce livre, relié en maroquin vert par les soins de M. Libri, a été adjugé à sa vente pour 14 fr. 50 c., ce qui fait supposer un joli bénéfice.

Encore une autre identité reconnue, un autre vol constaté. M. Libri aurait arraché d’un recueil de la Mazarine un opuscule intitulé : Homerus de Bello Trojano, et voici comme onde démontre : la pièce se composait de vingt-neuf feuillets ; de plus, le premier feuillet de l’opuscule qui suivait l’Homerus dans le recueil, avant la soustraction, est marqué e 7. Or, on a saisi un exemplaire vendu par M. Libri, de vingt-neuf feuillets, dont la dernière page laisse apercevoir la trace d’un e suivi d’un 6. Je pense que ces lettres mystérieuses sont ce qu’on appelle des signatures, c’est-à-dire un mode de numération par lettres et chiffres dont les anciens imprimeurs se servaient pour marquer la première partie d’un cahier. Mais, suivez le raisonnement, l’Homerus de la Mazarine avait vingt-neuf feuillets, car, dit l’acte d’accusation, ces feuillets portaient les numéros 81 à 110… Comptez sur vos doigts, monsieur le juge, 20 + 10 = 30. Ce qu’il y a de plus singulier, c’est que le recueil où se trouvait l’Homerus n’est plus à la Mazarine, où l’on ne sait ce qu’il est devenu, et, à ce sujet, vous me demanderez comment on a fait la confrontation dont il vient d’être parlé. Ma foi, je l’ignore. Seulement j’ajouterai, pour les personnes peu versées en