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retrouver. Pour moi, je pense qu’il eût mieux valu le mettre dans un tiroir fermant à clé.

Au Pétrarque de M. Maslon, à l’Epigrammatum, au Fabritii, et aux trois autres volumes dont la spirituelle Lettre de faire part de M. Libri vous a fait connaître les titres, tous ouvrages volés et qui n’ont pas bougé de la Mazarine, il faut en ajouter un septième, dont la recherche a donné lieu à quelques remarques intéressantes : c’est l’Epistola Petrarchoe de Historia Griseldis, sans date, in-4o. L’identité et le vol ont été prouvés, parce que les deux exemplaires in-4o inscrits au catalogue de la Mazarine sont attribués à l’année 1477 et ont vingt-huit lignes à la page, et que, d’autre part, le volume vendu par M. Libri a vingt-sept lignes à la page et est attribué à Ulric Zel, vers 1470. Passons, l’argument est déjà trop connu ; mais, première remarque : les deux exemplaires de la Mazarine se sont retrouvés, non pas sur leur rayon, à leur numéro, mais dans un buffet où on ne s’attendait guère à les rencontrer. Deuxième remarque : feu M. Thiebaut, employé à la Mazarine, qui a rédigé en 1846 ou 1847 un catalogue des éditions du XVe siècle de cette collection, avait effacé de sa main, très grossièrement et en maculant les volumes, les anciens numéros des livres qu’il retirait des rayons pour les placer à la réserve, parmi les éditions du XVe siècle. Quel était son but ? Sans doute de tout brouiller, pour se rendre nécessaire. Après avoir biffé les premiers numéros, il a inscrit au dos de ces mêmes volumes de nouveaux numéros correspondant à ceux de son catalogue du XVe siècle, sans inscrire sur ce catalogue ni sur les catalogues anciens, ni sur les volumes eux-mêmes, aucun chiffre, aucun renvoi indiquant le déplacement des ouvrages. Cela vous expliquera, monsieur, comment les volumes s’égarent dans une bibliothèque sans en sortir.

Il n’y a rien de tel que de chercher pour trouver : on trouve même alors ce qu’on ne cherchait pas. M. Libri étant accusé d’avoir volé à la Mazarine un opuscule intitulé : Aeneoe Silvii, historia de duobus amantibus, in-4o sans date, c’était pour quelques bibliophiles une présomption que ce livre n’avait pas été perdu. D’abord, en comparant les deux catalogues, comme on l’a fait déjà plusieurs fois, on a constaté entre les deux exemplaires in-4o de la Mazarine et celui de M. Libri des différences de titre qui pour les connaisseurs suffisent à établir que l’ouvrage incriminé est d’une autre édition que les exemplaires de la Mazarine. Je vous fais grace de cette dissertation intéressante, et des difficultés que les ridicules changemens de numéros, œuvre de M. Thiebaut, ont apportées à cette recherche. Il vous suffira sans doute de savoir que les deux exemplaires in-4o de la Mazarine y sont encore. Mais, tout en feuilletant le catalogue, on découvrit que cette bibliothèque possédait en outre le même opuscule, in-folio, réuni dans un recueil