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époque sont certainement celles qui sont consacrées aux beaux-arts, telles que celles de la Restauration des Musées, par M. Desbœufs, triste restauration, hélas ! du Rétablissement des statues de Henri IV, Louis XIV et Louis XV, et de la Statue de Turenne à Sédan, par M. Barre, du Monument élevé à Jeanne d’Arc à Domrémy, et de la Découverte de la Vénus de Milo : ces deux dernières médailles sont de M. Depaulis ; elles promettent tout ce qu’il a tenu. Les fondations d’églises et les pompes religieuses donnent lieu nécessairement à de nombreuses médailles. On distingue dans le nombre celles de M. Barre, qui rappellent la fondation des églises de Saint-Vincent de Paul et de Notre-Dame de Lorette et l’église Sainte-Geneviève rendue au culte. Tout à coup un souvenir de guerre se mêle à ces préoccupations pacifiques : c’est celui de la prise du Trocadéro. Tout l’honneur semble en revenir au prince de Carignan, dont le buste remplace sur la médaille consacrée à ce fait d’armes la tête du roi Louis XVIII. Au revers sont inscrits ces mots, entourés d’une couronne de lauriers : Les régimens de la garde ont offert au prince de Carignan les épaulettes de grenadier. Trois autres médailles consacrent le souvenir de cette velléité belliqueuse de la restauration. L’une d’elles porte à la face la tête du duc d’Angoulême, les deux autres présentent le buste de Louis XVIII. La mort de ce monarque est rappelée par une médaille de M. Galle, d’une simplicité antique. Sur un vase funéraire sont inscrits ces seuls mots : Mort du roi, et à l’exergue le 16 septembre 1824. L’avènement du roi Charles X est l’occasion d’une fort belle médaille de M. Depaulis. Puis survient la royale solennité de Reims. Le sacre, l’onction, le couronnement et l’intronisation sont célébrés dans onze médailles, parmi lesquelles nous signalerons celles de MM. Barre, Cannois, Gayrard et Caqué. Les souvenirs de ce règne de quelques années sont tous des souvenirs de paix : des restaurations, des fondations ou des consécrations d’églises, des rétablissemens de statues ou de monumens. On répare des ruines sur un sol qui recommence à trembler.

Une médaille singulière de M. Barre, qui porte à la face les têtes superposées du roi et de la reine des Deux-Siciles et de leurs fils, et au revers huit médaillons représentant la reine d’Espagne, l’infant et l’infante d’Espagne, le duc et la duchesse d’Orléans, la duchesse de Berri, Mlle d’Orléans et le duc de Chartres, est destinée à rappeler la réunion de onze membres de la famille des Bourbons à Grenoble le 31 octobre 1829. Avant qu’une année se soit écoulée, le vent des révolutions aura brisé ce faisceau, changé les destinées de tous ces princes et rejeté sur la terre d’exil la duchesse de Berri et le vieux Charles X. Cette curieuse médaille est suivie de celle de la visite de leurs majestés siciliennes à la Monnaie, exécutée par M. Barre. C’était le 31 mai 1830, à la veille de la révolution de juillet, que cette visite avait lieu.

M. Caqué est le héraut des révolutions. C’est lui qui le premier annonce par sa médaille des trois journées le nouvel événement ; une autre médaille, celle de la protestation des journalistes, qui porte d’un côté une Renommée et au revers les noms des signataires de la protestation, en indique le principe. Le règne du roi Louis-Philippe, qui a duré dix-huit années, est peut-être l’époque qui aura vu paraître le plus grand nombre de médailles. Indépendamment des coins et pièces officielles existant à la Monnaie, plus d’un millier de médailles ont été publiées de 1830 à 1848 par des particuliers et frappées par