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encyclopédique[1]. » Il y a quatre-vingt-six volumes, tous en bon état, si l’on en excepte deux ou trois, auxquels il manque quelques feuillets. » Nous connaissions parfaitement l’ouvrage d’où M. Libri avait tiré la phrase que vous citez ; mais savez-vous pourquoi nous l’avons rappelée dans notre rapport ? C’est que nous avions entre les mains une pièce dont vous paraissez ignorer l’existence, le catalogue des manuscrits de Peiresc, catalogue rédigé par M. Libri, et où trois volumes seulement sont signalés par lui comme ayant subi des lacérations. — Or, depuis sa mission à Carpentras (1844), dix-sept cent trente-huit feuillets ont été enlevés de quarante et un volumes anciennement paginés, et sur ce nombre deux cent quatre-vingt-quinze, retrouvés chez lui, ont pu, grace à leur pagination, être replacés dans les volumes auxquels ils avaient appartenu. En outre, M. Libri a vendu à lord Ashburnham cinq volumes in-folio contenant la correspondance et les manuscrits autographes de Peiresc. Nous sommes du reste assez au courant de ce qui concerne les collections de Carpentras, et nous nous ferons un plaisir de répondre à toutes les questions qu’il vous plaira de nous adresser encore à ce sujet.

M. Libri était accusé d’avoir altéré, pour en dissimuler l’origine, la date de deux lettres originales de Rubens vendues par lui, et annoncées sur ses catalogues de ventes[2] l’une avec la date du 30 mai 1625, l’autre avec la date du 29 juin 1640[3], tandis que, d’après leur contenu, elles devaient avoir été écrites pendant le siège de La Rochelle, en 1628. Vous ne répondez qu’à la première de ces deux accusations, en citant un passage de l’historiographe Cl. Malingre, où, à l’année 1625, il raconte ainsi des mouvemens de troupes autour de La Rochelle : « De sorte, dit-il, qu’avec ces troupes La Rochelle est tout investie par terre et la mer empeschée et tenue par les vaisseaux du roy. »

D’abord, monsieur, le bibliophile qui vous a fourni cette citation a singulièrement abusé de votre confiance, car il a négligé de vous avertir que le texte en question se rapportait au mois de novembre 1625 et ne pouvait vous être d’aucune utilité, car la lettre de Rubens est du mois de mai. Ensuite, si vous aviez lu l’analyse donnée de cette pièce sur le catalogue de M. Libri, vous y auriez vu qu’il y est question de la prochaine arrivée d’une flotte de cinquante vaisseaux amenée au secours de La Rochelle par Buckingham, de la digue qui ferme le canal de cette ville, de la présence de Richelieu qui se conduit vaillamment, etc. Dans quel livre avez-vous lu que ces particularités se rapportassent à l’année 1625 ? — Nous pourrions vous renvoyer aux mémoires de Bassompierre,de Fontenay-Mareuil, de Richelieu, etc. ; mais, puisque vous paraissez tenir particulièrement à Claude Malingre, vous trouverez au sixième volume de son histoire, p. 610, 636 et suivantes, des renseignemens suffisans pour dissiper tous vos doutes[4].

  1. Année 1797, t. II, p. 503.
  2. Ventes du 8 décembre 1845, no 366 du catalogue, et du 18 novembre 1841, no 161.
  3. Rubens était mort dès le 29 mars de cette année.
  4. L’acte d’accusation a commis, d’après notre rapport, une erreur que vous n’avez pas signalée et que nous nous empressons de rectifier. La lettre en question a été écrite non pas en 1627, mais en 1628. Elle devait être placée dans le manuscrit de la Bibliothèque nationale entre une lettre du 27 avril 1628 et une lettre du 15 juin de la même année. Ce volume a du reste perdu quarante-sept lettres de Rubens qui représentent une valeur d’environ 4,000 francs.