Page:Revue des Deux Mondes - 1852 - tome 14.djvu/615

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

prouve qu’on a fait de tout temps des fautes d’impression, et ne prouvera jamais qu’on ait voulu faire passer ce volume pour une édition de Plaisance. Je m’en tiens au dire de MM. Payne et Foss sur son origine.

Je m’accuse de méchantes plaisanteries à propos du total des feuillets de l’Homerus ; mais il m’était difficile de deviner le mot insolite exclusivement que vous suppléez. Au reste, le seul fait qui m’ait paru important, c’est la note de M. de Villenave que j’ai eue entre les mains.

Quant au Malclavelli, je trouve fort extraordinaire que le titre du livre soit en italien sur le catalogue et en latin sur la garde du recueil. Laquelle de ces deux indications est la vraie ? Celle qui accuse M. Libri, direz-vous. Moi, je dirai le contraire. J’ajouterai que le volume décrit par M. Libri est un poème, et que l’opuscule perdu par la Mazarine étant réuni à un extrait de Guichardin et à deux autres mémoires historiques, il y a lieu de présumer que c’était, non pas un poème, mais un abrégé de quelque ouvrage historique de Machiavel. Je pourrais dire encore que sur l’acte d’accusation on lit : L. Malclavelli compendium, et que l’initiale L. ne peut désigner le fameux Nicolas Machiavel, à qui le poème est attribué dans le catalogue de M. Libri. Vous me répondrez que une L pour une N, c’est une faute d’impression sans conséquence. Enfin, en consultant le testament latin de Machiavel, imprimé en tête de ses œuvres, on voit qu’il traduisait son nom par de Machiavellis, et non par Malclavellus.

Je ne parlerai de l’Orlando furioso, qui s’est vendu si cher, que pour vous rappeler que je ne m’en suis pas occupé. Quelques expressions de l’acte d’accusation, comme : « Des témoins indiquant un ouvrage anciennement rogné, » m’avaient paru trop obscures pour être discutées. D’ailleurs, apparemment que si l’origine de l’Orlando était aussi évidente que vous l’annoncez, la Bibliothèque nationale, qui l’a acheté, en aurait fait la restitution à la Mazarine.

Je m’empresse de reconnaître que c’est sur un rapport inexact que j’ai cru que le recueil des Histoires de Troie n’était pas inscrit au catalogue de la bibliothèque de Troyes. M. Harmand, conservateur de cet établissement, a bien voulu me communiquer la description des deux exemplaires, dont un seul, celui de Philippe Lenoir, existe aujourd’hui à Troyes. Quant à l’autre, décrit (inexactement selon toute apparence) comme in-4o, sans lieu ni date, il est impossible de savoir si c’était un Caxton.

Le temps me presse, messieurs, et je suis forcé d’abréger une discussion à laquelle je ne puis en ce moment apporter l’attention que je voudrais. D’ailleurs, je prévois que nous nous mettrons difficilement d’accord. Vous voyez une preuve d’identité là où j’en vois une de disparité. Vous dites qu’un manuscrit du Cortegiano, avec des notes et des corrections du temps, est nécessairement le manuscrit autographe avec les notes et les corrections de l’auteur, et, malgré le soin que vous prenez de mettre le mot CORRECTIONS en majuscules, je tiens que peu de gens partageront votre avis. Vous savez mieux que moi, cependant, combien d’anciens manuscrits portent à la fin cette note : N. N. emendavit ; cela aurait pu vous rappeler que les manuscrits de copistes recevaient souvent les corrections des érudits.

L’acte d’accusation sous les yeux, j’ai été frappé d’une imputation de vol qui se réfutait d’elle-même par la confusion des noms de Paul et d’Alde Manuce. Vous rectifiez mon erreur d’après un catalogue auquel j’aurais dû d’abord recourir. Nous ajoutez, sur l’autorité très médiocre de M. Fontaine, que cinq