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LA JEUNESSE


DE


MADAME DE LONGUEVILLE.




I.
MADEMOIELLE DE BOURBON AUX CARMELITES.




J’ai essayé, il y a quelques mois, de faire connaître ici[1] dans Mme de Longueville l’héroïne ou, si l’on veut, l’aventurière de la Fronde, se précipitant dans tous les hasards et dans toutes les intrigues pour servir les intérêts et les passions d’un autre, et je l’ai laissée vaincue, désabusée, l’ame à la fois blessée et vide, et commençant à regarder du seul côté qui ne trompe point, le devoir et Dieu. Aujourd’hui, au lieu de la suivre dans le progrès de sa conversion, je voudrais remonter dans sa vie jusqu’avant la Fronde, et même avant le mariage inégal que lui imposa sa famille et qui fut la source de ses fautes et de ses malheurs ; je voudrais peindre la jeunesse de Mme de Longueville, montrer Mlle de Bourbon dans ses jours d’innocent éclat, mais portant en elle toutes les semences d’un avenir orageux ; naissant dans une prison et en sortant pour monter presque sur les marchés d’un trône, entouré, de bonne heure des spectacles les plus sombres et de toutes les félicités de la vie, belle et spirituelle, fière et tendre, ardente et mélancolique,

  1. Voyez la livraison du 1er août 1851.