Page:Revue des Deux Mondes - 1852 - tome 14.djvu/702

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

SCENES ET MOEURS


DES


RIVES ET DES CÔTES.




LE GARDIEN DU VIEUX PHARE.




I

La côte qui s’étend de l’embouchure de la Loire à celle de la Gironde a pour avant-garde une ligne de petites îles qui commence à Noirmoutiers, se termine à Oléron, et que semblent relier entre elles des milliers de brisans. Ces sommets inégaux d’une chaîne de montagnes submergées multiplient d’autant plus les dangers de la navigation côtière, que les courans y portent les navires, et que dans les nuits d’orage le plus habile pilote ne peut reconnaître les écueils qu’au moment où il n’est plus temps de les éviter. De là l’érection de phares qui éclairent la course des caboteurs en leur révélant de loin le danger.

À l’époque, déjà un peu éloignée, qui nous a fourni les élémens de cette histoire, la plus ancienne des tours à feux indicateurs situées entre la Loire et la Gironde, connue sous le nom de vieux phare, était confiée à un seul gardien. Simon Lavau vivait là depuis neuf années, sans autre compagnie que les flots qui passaient en murmurant au pied de son îlot et les oiseaux de mer qui voletaient alentour en poussant leurs cris aigus. La petite chambre ronde qui lui avait été ménagée