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LA FLOTTE FRANCAISE


EN 1852.




I

Parmi les institutions qui ont eu le plus à souffrir de nos révolutions périodiques, la marine de la France a le triste honneur de figurer en première ligne. Le gouvernement devient-il un peu stable, on commence alors à comprendre qu’en définitive la flotte est un instrument nécessaire, indispensable même pour la politique, le commerce et la défense militaire du pays ; mais cette stabilité est-elle mise en péril à la suite d’une résolution, voilà le budget de la marine rogné, taillé à qui mieux mieux, absolument comme s’il avait été le vrai coupable de la commotion révolutionnaire. Nous avons vu cela après 1815, après 1830 et après 1848. Le budget de 1852 nous donne l’espoir que nous entrons dans une autre voie. Ce n’est point assez cependant que de nuis arrêter dans cette décadence maritime où la France était entraînée depuis 1848 : il importe pour l’honneur et la sûreté du pays de faire mieux encore ; il importe de le doter, non d’une flotte sur papier, mais d’une flotte effective. En fournir les moyens au meilleur marché possible, tel est le problème qu’il s’agit de résoudre, et que nous voudrions discuter ici en peu de mots.

Dans tout établissement naval, le personnel qui navigue et qui combat est celui qui doit tenir la première place dans l’attention du pays et du législateur ; les autres corps auxiliaires, qui viennent se grouper autour de celui-là comme des satellites autour d’une planète, ne représentent en définitive que des accessoires. Dans le personnel marin réside la raison d’être d’une marine ; sans lui, à quoi bon des arsenaux,