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à quoi bon même des vaisseaux ? Le personnel des marins combattant sur la flotte française et la législation qui les régit doivent donc nous occuper d’abord ; nous passerons ensuite aux questions que soulève le matériel naviguant de cette flotte.

Le corps des officiers de vaisseau compte 32 officiers-généraux - 2 amiraux, 10 vice-amiraux, 20 contre-amiraux. — Ce nombre paraît suffisant, si le cadre est bien composé ; Il ne nous appartient pas d’examiner dans quelle mesure cette dernière condition est remplie aujourd’hui nous citerons seulement quelques mots, qui ne sont pas de nous, au sujet de l’âge avancé que, selon certaines personnes plus ou moins intéressées dans la question, doivent avoir les officiers-généraux de la flotte pour constituer de bons amiraux de guerre.

En 1828, l’amiral Willaumez écrivait[1] : « L’histoire de la marine prouve à ceux qui veulent la méditer que les flottes commandées par les plus vieux amiraux ne sont pas celles qui ont eu les affaires les plus avantageuses, entre autres les combats des Tourville, des Château-Renaud, des Suffren, et, à une époque plus récente, de Nelson, qui, fait amiral à trente-neuf ans, gagne à quarante la bataille d’Aboukir. Le contraire s’est vu trop souvent : témoin, en 1781, l’amiral Cordova, vieillard plein d’honneur et de bonne volonté, mais accablé par l’âge, lequel poursuivait la flotte anglaise avec des forces bien supérieures et composées des flottes combinées de la France et de l’Espagne. Malgré ces forces, il resta sourd aux sollicitations de l’amiral français Guichen et de son propre major-général Massaredo, lesquels ne purent obtenir de la vieillesse de l’amiral commandant en chef l’ordre d’attaquer la flotte anglaise au mouillage de Torbay, où elle n’était protégée par aucune fortification du côté de terre… »

L’empereur Napoléon écrivait, le 14 juin 1805, à son ministre de la marine : « On dit beaucoup de bien du capitaine de vaisseau Trublet, officier de l’escadre de Rochefort ; on en dit encore davantage du capitaine de pavillon de l’amiral Missiessy, Willaumez, frère de celui que j’ai fait contre-amiral. Il ne faut pas se le dissimuler, il faudra que je choisisse désormais mes amiraux parmi ces jeunes officiers de trente-cinq ans, et j’ai assez de capitaines de frégate réunissant dix ans de navigation pour en choisir six auxquels je pourrais confier des commandemens. Présentez-moi une liste de six jeunes officiers de marine, commandant des vaisseaux et des frégates, ayant moins de trente-cinq ans, les plus capables d’arriver à la tête des commandemens »

On pourrait aisément multiplier ces citations pour répondre à ceux qui voient dans la sénilité un titre aux commandemens généraux de la flotte ; c’est inutile : les faits ont parlé de tout temps et parleront encore.

  1. Dans ses mémoires, encore inédits.