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grande elle-même des hommes de mer inscrits, qui constituent près des trois quarts de leur effectif. À vrai dire, les numéros des compagnies permanentes des équipages de ligne ne représentent donc qu’une classification d’ordre - administrativement nécessaire pour diviser l’équipage en deux, trois ou quatre parties, et rendre plus faciles les opérations de comptabilité qu’exigent le paiement et l’habillement des hommes de mer. Il n’en serait pas de même, si ces derniers restaient plus long-temps au service. Nous venons de dire que les jeunes recrues provenant du tirage au sort entraient pour une certaine part dans la composition des équipages, et, par suite, des compagnies permanentes ; c’est, selon nous, un élément précieux dont il ne faut pas se dessaisir.. Les matelots provenant du recrutement sont en général vigoureusement constitués, et fournissent à la marine des canonniers très propres au service de la grosse artillerie ; ils ne seraient pas moins bons à former le contingent principal d’un corps de matelots-fusiliers. En outre ils se distinguent généralement par leur bonne conduite et leur docilité ; enfin ils offrent l’inestimable avantage d’une permanence de sept ans sous les drapeaux, et, quoique peu enclins pour la plupart à être de fins gabiers, ils ne tardent pas cependant à devenir d’assez passables matelots de pont, quand on s’en occupe. Pour tous ces motifs, il est sans inconvénient, et sous certains rapports il peut être avantageux que des hommes du recrutement entrent pour un quart environ dans l’effectif d’un équipage[1].

En 1837, on organisa dans chacun des ports de Brest et de Toulon une compagnie de dépôt de matelots-canonniers, lesquels, après avoir été dégrossis à terre pendant quelques mois, embarquaient sur deux corvettes-écoles, afin de s’y former au pointage à la mer. À ces deux corvettes on substitua plus tard une frégate de premier rang, qui a fourni depuis à la flotte et qui fournit encore d’excellens chefs de pièce et chargeurs sous le nom de matelots-canonniers brevetés. Cette institution est bonne ; mais elle demande à être encore développée. Dans l’opinion d’un grand nombre d’officiers, ce n’est plus une frégate, mais bien un vaisseau de troisième rang qu’il conviendrait de lui affecter. Non-seulement les matelots-canonniers en sortiraient plus nombreux qu’aujourd’hui, pour armer les batteries de la flotte, qui ne cessent d’en réclamer, mais encore on pourrait y rendre plus complète l’instruction des officiers et sous-offciers en passage sur ce vaisseau-école, à l’aide de mesures analogues à celles qui se pratiquent à bord du vaisseau-école d’artillerie Excellent, que nous avons visité en détail à Portsmouth.

Il y aurait enfin une institution nouvelle à créer, celle des matelots-fusiliers.

  1. Les compagnies permanentes des équipages de ligne sont régies aujourd’hui par les ordonnances du 11 octobre 1836 et du 31 août 1844.