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Panama ; mais celle-ci reprendra l’avantage, pour plusieurs années du moins, lorsque le chemin de fer de Panama sera ouvert aux voyageurs.

Ce qu’il importe de signaler ici, c’est la rapidité avec laquelle ces nouveaux services de navires à vapeur sur les deux océans se sont organisés. Il y a dix-huit mois, il n’en était pas question, et ces deux lignes fonctionnent cependant depuis près d’une année déjà. On pourrait bien, comme pour les. lignes rivales, trouver quelque chose dire, au point de vue de la solidité, sur les bâtimens dont celles-ci se composent. Tout cela s’est fait vite, trop vite peut-être, mais cela s’est fait sans aucune espèce de subvention du gouvernement américain. Que n’imitons-nous cet exemple en France, au moins dans ce qu’il a de bon, au lieu de persister dans notre immobilité et de nous laisser devancer par tout le monde dans l’application de la vapeur à la navigation transatlantique ?

On peut être bien sûr, d’après ces premiers résultats, que les concessionnaires du canal ne s’en tiendront pas là, et l’on peut maintenant espérer de voir s’établir dans le pays de Nicaragua une voie de communication maritime, qui sera en même temps pour ces contrées un puissant moyen de civilisation et de progrès.


III. – L’ISTHME DE TEHUANTEPEC. – CHEMIN DE FER.

Il y a dans la partie la plus méridionale du Mexique une contrée qui semble présenter aussi des conditions très favorables à la jonction des deux océans. Là encore, les montagnes qui traversent le continent américain s’abaissent subitement, et le terrain compris entre les deux mers se resserre. au point de former, à l’ouest du pays de Guatemala et de I’Yucatan, un isthme, celui de Tehuantepec, creusé sur la plus grande partie de sa largeur par le fleuve Guazacoalcos, qui vient se jeter dans le golfe du Mexique, vers le 18e degré de latitude nord.

Il y a plus de trois siècles qu’on a eu l’idée de construire une route à travers cet isthme, on y songeait déjà du temps de Cortez ; mais les études faites depuis cette époque n’avaient donné aucun résultat satisfaisant, lorsque, il y a dix ans, un citoyen du Mexique, M. de Garay, demanda et obtint du général Santa-Anna, alors président, la concession d’une voie de communication à travers l’isthme de Tehuantepec. L’acte de concession stipulait que l’on construirait une voie navigable qui pourrait être remplacée par un chemin de fer dans la partie du parcours où des travaux de canalisation seraient impraticables ; on accordait au concessionnaire le monopole de la navigation à vapeur et des transports en chemin de fer pendant le délai de soixante ans, à charge de verser à l’état le quart des revenus nets de l’entreprise. À l’expiration de la concession, la voie de communication ferait retour