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rencontre de grandes difficultés à bord, sinon pour discipliner la majeure partie de l’équipage, du moins pour châtier, comme ils le méritent, les sujets incorrigibles qu’on y trouve si souvent.mêlés. Il importe donc, le plus tôt possible, de faire paraître un code pénal armant les conseils de justice du bord d’une latitude suffisante pour suppléer aux châtimens récemment supprimés. La prison cellulaire toutes les fois qu’elle sera possible, la suppression temporaire de la solde, la prolongation du temps à passer au service, tels sont les moyens qui semblent devoir constituer les pénalités d’un nouveau code. En même temps que la législation des conseils de justice, la législation des conseils de guerre maritimes demande aussi à être révisée. L’embarras est grand en effet pour un chef de division, lorsqu’il lui faut renvoyer en France, faute du personnel d’officiers supérieurs nécessaires à la formation de ce conseil, et le matelot coupable d’avoir commis un grave délit et les témoins qui l’ont vu commettre, En pareil cas, il recule toujours devant un renvoi qui désorganiserait son équipage, et l’on comprend dès-lors combien deviennent nuisibles à la discipline du bord la présence du coupable et la quasi-impunité dont il bénéficie, grace aux impossibilités de la loi. Il serait facile de remédier à ces dernières en abaissant les conditions de grade pour la composition des conseils de guerre réunis dans les parages lointains.


II

Au personnel de notre marine ainsi reconstitué, il faut un matériel qui puisse le seconder dignement. L’ordonnance du 22 novembre 1846 a réglé, comme il suit, la composition des vaisseaux de ligne : 40 vaisseaux, dont 24 à flot, 16 tout prêts à y être mis, plus une réserve indéterminée de vaisseaux à moitié construits. La situation présente de la flotte, en ce qui concerne les vaisseaux, est à peu près celle voulue par cette ordonnance. Nous comptons en effet 25 vaisseaux à flot, 21 en chantier, représentant 16 vaisseaux aux 22/24e, plus 4 aux 14/24e. L’ordonnance du 22 novembre est donc exécutée ; pourtant, à notre sens, le nombre des vaisseaux qu’elle prescrit de tenir à flot n’est pas suffisamment élevé et devrait être au moins porté à 30. Mais, dira-t-on, pourquoi 40 vaisseaux de ligne plutôt que 60, plutôt que 20 ? Quel motif puissant a donc guidé l’instinct maritime de la France en lui faisant adopter, depuis une trentaine d’années, ce chiffre de 40 vaisseaux, comme base organique de sa flotte de ligne ? Ce motif, le voici : une armée de 25 ou 30 vaisseaux bien organisés, comme ils le sont aujourd’hui, est sur le pied d’égalité avec tel déploiement de forces ennemies que ce soit ; elle joint à la force la facilité d’évolutions, la promptitude de mouvemens et la- possibilité de ravitaillement : c’est avec des armées