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d’infanterie, des inconvéniens d’une nouvelle espèce se présentent. L’officier d’infanterie restera toujours étranger, quoi qu’on fasse, à la vie de bord, comme il reste étranger au service du bord lui-même par le fait de son ignorance du métier de marin. Ne commandant pas de quart, il se trouve ne commander jamais ou presque jamais aux hommes de l’équipage, pas même à ceux qui ressortiraient de son commandement direct ; il ne tarderait pas à se considérer comme un membre d’état-major peu utile ; d’autres que lui feraient cette même réflexion, et le service ne pourrait qu’en souffrir très fort. Puis, quelles chances d’avancement seraient donc ouvertes à ces officiers d’infanterie dont les compagnies, disséminées à bord des bâtimens de la flotte, n’exigeraient que des officiers du grade de capitaine, de lieutenant ou de sous-lieutenant, et peu ou point d’officiers d’un grade supérieur ? On le voit donc, de quelque côté qu’on envisage la question des officiers propres à organiser, instruire et commander les compagnies de matelots-fusiliers, on rencontre des difficultés véritables. À notre avis, le mieux serait encore d’affecter aux états-majors de ces compagnies de jeunes officiers de vaisseau qui prendraient l’engagement, grace à certains avantages concédés en échange, de se consacrer exclusivement, pendant plusieurs années, à l’étude spéciale des manœuvres d’infanterie, du tir des armés à feu, des fortifications passagères. Naturellement ces officiers, à bord des bâtimens où ils seraient embarqués avec leurs compagnies de fusiliers, n’en commanderaient pas moins le quart, et n’en feraient pas moins le service comme les autres officiers du bord, celui de mer surtout ; quant au service de rade, ils en pourraient être exempts.

Nous le répétons ; cette institution, vivement désirée aujourd’hui par les officiers de vaisseau, est tout entière à créer ; conduite de front avec celle des matelots-canonniers, avec une permanence de cinq années imposée aux matelots inscrits, qu’on incorporerait dans les équipages de la flotte, la création des matelots-fusiliers comblerait une lacune importante dans le système des spécialités tel que nos marins voudraient le voir rétabli. L’application de ce système rencontre aujourd’hui dans notre flotte des partisans de plus en plus nombreux. Il en est même qui demandent, pour les navires de guerre, un corps spécial de gabiers ou matelots d’élite qui serait tenu constamment sous les drapeaux. Ce qu’on doit conclure de ces veaux presque unanimes, c’est que la mobilité des équipages est un vice généralement senti aujourd’hui, et qu’il importe d’y remédier le plus tôt possible.

Le : pouvoir disciplinaire que le capitaine et les officiers doivent exercer à bord des navires de guerre, comme à bord des navires de commerce, a aussi grand besoin d’être reconstitué. Depuis que les pénalités les plus sévères du code pénal maritime ont été supprimées, on