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2,800 milles (4,480 kilomètres), que l’on peut parcourir en douze jours. C’est donc en tout dix-sept jours de navigation entre la Nouvelle-Orléans et San-Francisco ; si l’on avait une voie de communication perfectionnée sur l’isthme, on pourrait aisément le traverser en douze heures, de sorte qu’en définitive le voyage entre les deux métropoles de la Louisiane et de la Californie n’exigerait que dix-huit jours. De New-York à San-Francisco, il faudrait cinq ou six jours de plus, la différence du trajet étant de 1,400 milles (2,240 kilomètres). Si donc le passage à travers l’isthme de Tehuantepec était perfectionné, tous les gens des états de l’ouest qui vont tenter la fortune en Californie prendraient de préférence la voie de la Nouvelle-Orléans, à la condition toutefois qu’on organiserait des services de navires à vapeur entre les deux extrémités de la ligne de transit et les ports de San-Francisco et de la Nouvelle-Orléans, ce qui ne saurait manquer d’avoir lieu. Actuellement, la grande majorité des émigrans vont s’embarquer à New-York.

Une compagnie s’organisa donc à la Nouvelle-Orléans, et, après d’assez longues négociations, conclut avec le représentant des concessionnaires un traité par lequel celui-ci cédait à la compagnie les droits et les privilèges dont ils étaient investis, moyennant une somme de 3 millions de dollars, qui représentait, à ce qu’on supposait, le tiers du capital de la compagnie, — c’est-à-dire qu’on admettait que la voie de communication à établir coûterait en réalité 6 millions de dollars. On voit parle chiffre indiqué pour la dépense qu’il ne s’agirait plus d’un canal maritime- : c’est effectivement un chemin de fer qu’on se proposerait de construire, en fixant le point de départ à 50 milles de l’embouchure du Guazacoaieos, qui serait amélioré dans ce parcours. La ligne viendrait aboutir au Pacifique, près de Tehuantepec. Le chemin de fer aurait ainsi une longueur de 100 milles (100 kilomètres) à peu près. Le capital étant évalué à 6 millions de dollars, cela donne une dépense de 60,000 d. par mille ou 200,000 fr. par kilomètre. Il est probable que ce chiffre est trop faible, car le chemin de fer de Panama, placé dans des conditions analogues, coûtera beaucoup plus cher. Les arrangemens dont on vient de parler furent conclus dans les derniers mois de l’année 1850 ; on s’occupa alors de faire reconnaître le terrain de nouveau. À la tête de l’expédition que l’on envoya sur l’isthme, on plaça le major Barnard, officier distingué du corps du génie de l’armée américaine. Cette expédition partit dans les premiers jours du mois de décembre 1850 sur le navire à vapeur l’Alabama, qui devait en même temps inaugurer le service régulier que la compagnie se proposait d’installer entre la Nouvelle-Orléans et l’isthme de Tehuantepec. On annonçait aussi qu’on allait organiser immédiatement, à travers l’isthme, des moyens de transport pour les voyageurs qui voudraient prendre cette voie pour se rendre en Californie ; mais, jusqu’à