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sur la carte, on verra que nos croisières seraient au nombre de 8 principales dans l’Océan atlantique, de 4 dans la mer des Indes. Ces 12 croisières principales n’exigeraient pas moins de 20 à 25 frégates placées sous la direction de chefs de division entreprenans, rompus à la navigation de l’Océan et partis de France avec carte blanche. On comprend donc qu’une quarantaine de frégates à flot, appuyées sur une dizaine de frégates en chantier, ne constitue que l’effectif nécessaire pour que notre marine de guerre puisse ruiner au loin le commerce ennemi ; car, d’un autre côté, il faut en rattacher quelques-unes à la flotte des vaisseaux de ligne, tant pour servir de répétiteurs de signaux que pour éclairer au loin sa marche. Les 50 frégates voulues par l’ordonnance de novembre 1846 ne sont donc pas de trop ; en ce moment, nous en comptons 38 à flot, dont quelques-unes en assez mauvais état, et 18 sur chantier ; c’est donc à peu près l’effectif réglementaire. Quant au chiffre de ces frégates qu’il conviendrait d’avoir armées en temps de paix, nous le portons à 12, comme celui des vaisseaux, savoir : 2 dans les mers de l’Indo-Chine, 2 dans l’Océan pacifique, 4 dans l’Océan atlantique, 2 attachées au port ou à l’escadre de Brest, 2 à l’escadre de Toulon et à la station du Levant. Ajoutant à ces 12 frégates un nombre pareil en commission de port, la France pourrait faire face avec une égale confiance aux premières éventualités d’une guerre de course, comme à celles d’une guerre d’escadre, le cas échéant.

Si nous continuons à jeter les yeux sur l’ordonnance du 22 novembre 1846, nous voyons qu’elle fixe à 100 le nombre des bâtimens à vapeur de la marine française, savoir : 10 frégates, 40 corvettes et 50 avisos. La situation présente de notre flotte à vapeur est à peu près conforme à ce chiffre : elle indique même un effectif total de 108 bâtimens à vapeur ; mais il faut bien se garder de croire que ces 108 bâtimens représentent les machines de guerre que leur nom de frégate ou de corvette semble indiquer. On en compte un assez grand nombre qui ne sont que des paquebots plus ou moins bien transformés en bâtimens de guerre, et, quant aux corvettes, elles sont en grande partie de construction déjà vieille et assez mal armées en artillerie, aux extrémités surtout, comparativement aux vapeurs anglais de la même espèce. Il y a donc là beaucoup de vieux matériel que les progrès incessans de la marine à vapeur vieillissent de plus en plus. Les succès obtenus par les moteurs à hélice ne peuvent que hâter chaque jour davantage l’abandon des bâtimens à roues ; toutefois ce matériel n’en constitue pas moins, pour le moment, la plus grande partie de notre marine à vapeur, et chacun sait que cette dernière serait surtout propre, en temps de guerre, à jeter rapidement une armée sur le territoire ennemi.

L’ordonnance de 1846 porte à 90 le chiffre des bâtimens légers de