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épreuves comparatives des bâtimens de toute espèce et de tous rangs sortis de leurs chantiers, viennent de faire récemment lutter des frégates mixtes avec les meilleures marcheuses parmi les frégates à voiles entre Lisbonne et les Acores. Or, l’étonnement des vieux marins de l’Angleterre a été grand lorsqu’ils ont appris que les deux frégates mixtes l’Encounter et l’Arrogant avaient distancé énormément le Leander, le Phaëton et l’Aréthuse, trois frégates à voiles toutes neuves, sur le largue comme au plus près du vent[1], par petit temps comme par gros temps, avec l’emploi simultané de leurs voiles et de leur moteur auxiliaire. On voit par cette expérience combien il serait avantageux d’avoir nos frégates-corsaires transformées en bâtimens mixtes ; non-seulement le calme ne les enchaînerait jamais, mais des vaisseaux ennemis, non pourvus d’un moteur auxiliaire, ne pourraient rien contre elles.


III

Il reste à examiner maintenant ce que nécessiterait de dépenses supplémentaires l’armement normal de paix que nous proposons. Le budget de 1852 fait face aux dépenses de 8 vaisseaux, 7 frégates et 60 vapeurs armés, de 14 vaisseaux et 13 frégates en commission de port.

Or, nous demandons, pour armement normal en temps de paix au budget de 1853 : 12 vaisseaux et 12 frégates armés, 12 vaisseaux et 12 frégates en commission de port ; quant au chiffre de 60 vapeurs armés, il nous paraît suffisant, vu la promptitude avec laquelle on peut armer des bâtimens à vapeur tenus en bon état dans les arsenaux.

Pour évaluer le plus exactement possible le supplément de dépenses résultant de cette augmentation d’armement, nous ferons d’abord remarquer que, d’après les calculs établis en 1851 au ministère de la marine, on arrive au chiffre de dépenses annuelles qu’occasionne un bâtiment de guerre, tant en personnel qu’en matériel, en multipliant par 1,682 l’effectif des hommes de l’équipage embarqué sur ce bâtiment. En d’autres termes, chaque marin à bord coûte à l’état, — lui et la quote-part de matériel du navire qui lui est afférente fictivement, — une somme de 1,682 francs. Cette somme, cette unité de calcul d’armement a été notablement augmentée depuis peu : ainsi en 1832 elle n’était que de 1,030 fr. ; en 1834, de 1,087 fr. ; en 1844, de 1,200 fr. ; en 1849, de 1,340 ; bref, en 1851 elle a atteint le chiffre bien plus considérable de 1,682 fr., et cela par suite des nouvelles bases que vient d’adopter la direction des travaux pour les calculs du, matériel. Donc,

  1. Un bâtiment court avec du largue dans ses voiles, lorsque le vent est favorable à la route qu’il fait. Il court au plus près du vent, lorsque ce vent est contraire, ou qu’il permet tout juste de faire route pour la destination voulue.