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DE LA RESTAURATION


ET


DE SES HISTORIENS.




I. — Histoire de la Restauration, par M. A. de Lamartine.
II. — Histoire des deux Restaurations, M. par Achille de Vaulabelle.




La crise de 1820 aboutit pour l’Europe aux mêmes conséquences que la crise de 1848. Si l’épouvante ne fut pas alors aussi générale, l’anxiété des gouvernemens ne fut pas moindre. Ils opposèrent au péril commun une résistance très habilement concertée, mais dont l’effet dépassa de beaucoup leur attente. À Troppau, à Laybach et même à Vérone, on avait admis la pensée de modifications profondes à introduire dans les institutions vieillies et la confuse administration des deux péninsules méridionales, et lors de ces réunions diplomatiques on aspirait moins à rétablir un état de choses discrédité depuis long-temps qu’à substituer, pour des changemens reconnus nécessaires, la libre initiative de la royauté à l’initiative brutale des prétoriens ; mais l’insurrection s’était montrée si lâche à Naples et devenait si outrageusement violente à Madrid et à Lisbonne, elle avait déployé tant de forfanterie et si peu de courage, qu’elle avait rendu difficile une transaction avec elle. Craignant, s’ils accordaient quelque chose à l’esprit de réforme, de paraître céder à l’esprit de révolution, les cabinets se mirent au service de haines que l’ignorance rendait aveugles et le fanatisme impitoyables.