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que la baisse a porté sur l’importation principalement. N’est-ce point le signe du ralentissement d’affaires qui se manifestait déjà en présence de perspectives de 1852 ? On ne saurait méconnaître, d’un autre côté, d’après les publications partielles faîtes depuis le commencement de l’armée, que le chiffre de nos échanges tend singulièrement à s’accroître aujourd’hui. Que si on veut prendre une idée du développement du commerce de la France dans un intervalle assez long, on n’a qu’à jeter les yeux sur les résultats des deux ou trois dernières périodes quinquennales En 1837, le commerce général de la France était de 1,566 millions ; il était arrivé à 2 milliards en 1840 ; il est aujourd’hui, comme on l’a vu, de près de 3 milliards. Par malheur, le chiffre de notre mouvement maritime n’est point en rapport avec ce progrès ; la part du pavillon de la France dans cet ensemble commercial n’est guère que de 41 pour 100. La proportion était même en décroissance, depuis 1850, avec un certain nombre de pays, tels que l’Angleterre, l’Allemagne, les États-Unis. N’y a-t-il pas là un sérieux sujet d’attention pour notre commerce et pour le gouvernement, surtout en présence des progrès de la marine des autres nations ? Il jaillit donc des lumières de plus d’un genre de ce grand tableau annuel du mouvement de nos échanges. La signification politique ne manque point à ce livre. Quand on pose aujourd’hui ces graves problèmes de la liberté commerciale ou de la protection, c’est cette publication à la main qu’on peut le mieux les résoudre ; afin de ne point déserter le côté pratique des réformes de cette nature. Ce que nous disons du commerce dans son rapport avec la politique, nous pourrions le dire aussi des finances indubitablement. Les finances sont encore de la politique, la plus grave peut-être et la plus délicate. Il n’est pas une opération financière, pas un mouvement du crédit qui n’ait une sérieuse portée, ou qui ne soit l’expression en chiffres de quelque chose de plus profond. Le mot de l’abbé Louis est toujours vrai : les bonnes finances sont filles de la bonne politique. — Le gouvernement a pris, depuis quelques jours, diverses mesures qui dénotent du moins de sa part une certaine assurance dans le maniement de ces grands intérêts. D’abord il vient de restituer à la Banque de France 25 millions ; il avait rendu au même établissement une pareille somme au mois de juillet. Il se trouve aujourd’hui libéré du prêt de 50 millions fait à l’état par la Banque au mois de mars 1848. — Voilà donc un nouveau legs de cette néfaste année acquitté. Comment le gouvernement a-t-il opéré ce remboursement ? Sans doute avec l’argent qui lui arrive de toutes part sous les formes diverses de la dette flottante. Cette affluence de l’argent paraît être considérable, puisque, pour l’arrêter, M. le ministre des finances réduisait en même temps l’intérêt des bons du trésor. Cet intérêt se de trouve aujourd’hui ainsi fixé : 1 et demi pour 100 par an pour les bons de quatre à cinq mois d’échéance ; 2 pour 100 par an pour le bons de cinq à onze mois ; 3 pour 100 pour les bons à un an. Cette abondance du numéraire est sans doute un signe de confiance envers l’état ; mais n’est-ce point aussi l’indice de la timidité des capitaux à se jeter dans les grandes opérations de l’industrie et du commerce Le gouvernement d’ailleurs, assure-t-on, serait dans l’intention d’aller plus loin qu’il n’est allé jusqu’ici dans la voie de réduction de l’intérêt de l’argent. Selon les bruits répandus, il se proposerait