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et viennent pour la plupart de la même source. Trop succincts généralement pour satisfaire la curiosité, ils ont aussi l’inconvénient de ne point être faciles à contrôler : c’est à peine si l’on peut suivre les opérations qu’ils rapportent dans ce labyrinthe de montagnes imparfaitement décrites par les géographes. Cette guerre est soumise à des vicissitudes qui, en plus d’une occasion, rappellent nos campagnes d’Afrique, avant que les grands foyers de résistance eussent été détruits, et les principaux chefs des populations arabes mis hors de combat ou saisis. Aujourd’hui, des tribus pressées par la nécessité se rendent avec toute l’apparence de la sincérité ; demain, elles profiteront de la première occasion qui leur sera offerte pour reprendre les armes. À la fin de la campagne d’été, l’année dernière, un des lieutenans de Schamyl avait fait ainsi sa soumission. On a pu reconnaître depuis qu’il n’avait voulu qu’étudier de plus près la force des Russes, et il a été tué dans une tentative d’évasion. Cette année néanmoins, la campagne d’été a commencé du côté des Russes par quelques succès importans. Bien que les Circassiens aient, comme dans la plupart des cas, pris l’offensive, ils ont été vivement repoussés. Les Russes les ont poursuivis et ont pénétré dans un certain nombre de villages, qu’ils ont rasés ou incendiés. Quelquefois, dans ces rencontres, les Circassiens défendent avec opiniâtreté et pied à pied leurs positions ; plus souvent, lorsqu’ils ne se sentent point en forces, ils se dispersent pour se rallier et tomber ensuite à l’improviste sur d’autres points. La topographie du Caucase se prête admirablement aux surprises : c’est la principale ressource des Circassiens. On conçoit qu’avec un pareil système ils puissent encore prolonger la lutte ; mais comment admettre que l’issue tourne en leur faveur ?

Le Mexique n’avait-il donc pas assez d’élémens de dissolution ? Battu en brèche de toutes parts par les Américains du Nord, tenu en échec par les soulèvemens des Indiens, il faut qu’une insurrection nouvelle vienne aujourd’hui aggraver encore sa triste situation. Cette tentative de révolution d’un genre particulier n’est du reste qu’un des mille symptômes de cette impossibilité de vivre qui semble travailler cette malheureuse république. Cette fois ce sont les mesures vexatoires, les taxes onéreuses qui ont provoqué le mouvement dans un des états mexicains, à Mazatlan, et ce qui le rend plus grave, c’est que des sujets de divers pays, de la France surtout, ont eu à souffrir des odieux traitemens des autorités mexicaines elles-mêmes. La dernière législature de l’état de Mazatlan a voté des taxes personnelles exorbitantes, à ce qu’il parait ; la population s’est émue naturellement et a multiplié les protestations et les manifestations. Des Français, également atteints par ces taxes, ont déposé leurs réclamations entre les mains de notre vice-consul à Mazatlan. Jusque-là, rien ne dépassait la limite légale, lorsque le gouverneur a redoublé de rigueur dans la perception de l’impôt, a employé la force militaire et a fait emprisonner par surprise un certain nombre de réclamans, parmi lesquels étaient le consul espagnol lui-même et un Français. Sur le refus de ces derniers de payer une amende de 20 ou 25,000 fr., leurs maisons et leurs propriétés étaient pillées. Ce n’est que sur les insistances énergiques du vice-consul de France et des agens consulaires des autres pays, qu’ils ont fini par être mis en liberté, encore en recevant l’ordre de quitter l’état de Mazatlan. C’est sous l’impression de ces faits que la population