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LA JEUNESSE


DE


MADAME DE LONGUEVILLE.




IV.
COMMENCEMENS DE L’AMOUR ET DE LA FRONDE.




Nous avons traversé les années les plus vraiment belles de la jeunesse de Mme de Longueville, celles où l’éclat de ses succès ne coûte rien encore à la vertu. Le temps approche où elle va succomber aux mœurs de son siècle et aux besoins long-temps combattus de son cœur. L’amour qu’elle répandait autour d’elle, elle va le ressentir à son tour, et à vingt-huit ou vingt-neuf ans s’engager dans une liaison fatale, qui lui fera oublier tous ses devoirs à la fois et tournera ses plus brillantes qualités contre elle-même, contre sa famille et contre la France. Pour mesurer la faute de Mme de Longueville, il faut bien savoir à quelle grandeur était successivement parvenue la maison de Condé en servant fidèlement la royauté et la patrie.

La France ne compte pas dans son histoire de plus glorieuses années que les six premières de la régence d’Anne d’Autriche et du gouvernement de Mazarin, tranquille au dedans après la défaite du parti des importans, triomphante sur tous les champs de bataille, de 1643 à 1649, depuis la victoire de Rocroy jusqu’à celle de Lens, liées entre elles par tant d’autres victoires et couronnées par le traité de Westphalie. C’est la maison de Condé qui remplit cette mémorable époque presque tout entière, ou y joue du moins le premier rôle. Dans le conseil,