livre sterling par jour et la nourriture ; mais c’était un expédient auquel les mineurs n’avaient recours que le temps nécessaire pour amasser de quoi payer une licence ou acheter une bascule ou berceau, Ils s’associaient d’ordinaire par trois ou par six ; la journée de chacun rendait quelquefois plusieurs onces. La grosseur des pépites variait d’un cinquième d’once à plusieurs. Vers le milieu de juillet, le docteur Kerr trouva dans la vallée de Meroo, à quelques milles de Wellington, une masse de quartz, pesant trois quintaux, qui renfermait plus de cent livres d’or. Plus tard, on découvrit encore trois pépites dont chacune pesait vingt-six à vingt-huit livres. Au mois d’août commença l’exportation pour l’Angleterre ; les premières remises de poudre d’or s’élevèrent à 50,000 livres sterling. Les lavages du Turon et du mont Ophir donnaient alors 10 à 12,000 livres sterling par semaine.
Le trésor du docteur Kerr, exposé d’abord à Bathurst et puis à Sydney, enflamma les imaginations et fit tomber toutes les digues de la prudence. Les journaux, qui avaient d’abord maudit la découverte des terrains aurifères, embouchèrent la trompette lyrique pour célébrer ce coup merveilleux du hasard. « La nouvelle, s’écriait le Morning Herald de Sydney, étonnera l’Australie, étonnera l’Angleterre, l’Ecosse et l’Irlande, étonnera la Californie elle-même, et, nous n’exagérons rien, le monde entier… A l’arrivée du paquebot, quand chaque journal, dans les trois royaumes, répétera l’histoire de cette découverte qui est la merveille de notre âge, la sensation sera profonde, et dépassera en intensité ainsi qu’en durée tout ce que l’esprit public de la nation a jamais éprouvé. Depuis le monarque sur son trône jusqu’au paysan qui conduit sa charrue, il n’y aura qu’un cri de surprise, d’étonnement et d’admiration. Du palais à la chaumière et du salon à l’étable, parmi les écoliers comme parmi les philosophes et les hommes d’état, on ne parlera que de cette masse d’or et de la terre qui l’a produite. De tous les ports de la Grande-Bretagne et de l’Irlande, les navires vont affluer chargés de passagers et de marchandises. La population et la richesse vont se répandre en Australie comme un torrent. Port-Jackson sera bientôt le havre le plus encombré et le plus florissant du monde, et Sydney prendra rang parmi les plus opulentes cités. La Nouvelle-Galles du Sud sera couronnée par l’Angleterre comme la reine des colonies. »
En attendant l’impression que devaient produire dans la métropole les nouvelles de la terre d’or, comme l’appelait le Morning Herald dans cette invocation pindarique, la population de Sydney accourait aux placers ; il en partait jusqu’à quatre cents émigrans par jour ; les matelots désertaient les navires sur rade ; le gouvernement, attendu la cherté des objets de première nécessité, se voyait obligé de doubler le traitement des employés. De tous côtés, on se mettait eu quête de nouveaux