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agitation inévitable, des passions politiques peut-être troublent l’asile de la piété, de la charité, du renoncement aux bruits du monde. D’ailleurs, le système électif admis, pourquoi n’y convier que les prêtres ? Fera-t-on appel à tous les fidèles du diocèse ? Les catholiques seuls peuvent voter ; mais à quels signes les reconnaître ? L’élection simple, facile, exempte de dangers, quand une seule religion règne, quand la foi est profonde, universelle, sincère, avouée, devient impossible dans une société où plusieurs croyances se partagent les âmes, où la foi est incertaine, où l’indifférence est commune.

Pour affaiblir ces objections, on proposait de ne remettre à l’élection que le choix de candidats, parmi lesquels le gouvernement nommerait ; mais cette combinaison était factice et illusoire. Qui présente nomme, c’est ce que l’expérience a toujours démontré. Le gouvernement restait sous le poids d’une responsabilité pleine d’embarras et de périls, et la formation d’une liste de présentation soulevait toutes les difficultés attachées à une élection directe.

Plus on étudie de bonne foi le régime qui pourrait être substitué à la nomination directe, plus on aperçoit d’obstacles. C’est ce qu’a éprouvé le comité des cultes, nous pouvons le dire, dans l’examen de cette question, et c’est ainsi que, favorable au premier aperçu à la réforme proposée, il n’a pu s’entendre sur aucun moyen de l’organiser, et a fini par en voter l’ajournement.

Des objections du même genre s’élèvent contre l’élection des curés. Mêmes difficultés pour le choix et la formation du corps électoral. D’ailleurs, s’il est bon que le chef du diocèse se rattache au chef de l’état par le lien de la nomination, il ne l’est pas moins que le curé se rattache par le même lien au chef du diocèse.

Nous ne pensons donc pas que l’élection doive être appelée à composer le corps épiscopal ni le clergé des paroisses. Le concours du pouvoir civil et du pouvoir religieux, s’associant pour la nomination des évêques et pour celle des curés, paraît être le moyen le plus sûr de concilier les divers intérêts qui doivent être représentés et servis. C’est ainsi que doivent être nommés les ecclésiastiques qui, dans l’armée, dans les prisons, dans les hôpitaux, sont chargés des fonctions d’aumônier. S’en remettre à l’évêque seulement serait priver le gouvernement d’une influence et d’une autorité auxquelles il ne peut jamais consentir à renoncer.

Cependant l’élection devrait être appliquée à la composition des conseils de fabrique. Le mode actuel de nomination de ces conseils ne répond pas aux fonctions qu’ils remplissent. Ils forment en effet un véritable conseil administratif. Les pouvoirs dont les conseils municipaux sont investis auprès des communes, les conseils de fabrique les exercent auprès de la paroisse, qui a aussi des revenus, des dépenses,