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MARINE. — Allons nous habiller. Ah! mon Dieu, le voici! (Entrent Yourii magnifiquement habillé à la polonaise, le prince Adam, la princesse Wisniowiecka, Mniszek, suite.)

LA PRINCESSE. — Que votre altesse daigne nous excuser... Si nous avions eu le temps de nous préparer à l’honneur que nous recevons...

YOURII. — Je ne demande à la Providence qu’un jour pour reconnaître votre généreuse hospitalité.

LE PRINCE ADAM. — J’aurais voulu pouvoir vous offrir un costume plus digne de vous, monseigneur... (Lui présentant un sabre.) Nous autres polonais, nous portons le sabre en tout temps, et, puisque vous avez bien voulu revêtir aujourd’hui le dolman de hussard, permettez-moi de vous offrir un sabre. Je le tiens de mon père, à qui le roi Etienne le donna sur le champ de bataille de... (Il s’arrête interdit.)

YOURII. — Cette arme, dans les mains d’Etienne Batthori, a été fatale à mon père et à mon pays, prince; mais c’est le sabre d’un héros, et je suis fier de le porter. Fasse le ciel que je ne le tire jamais que contre les ennemis du nom chrétien!

CONSTANTIN. — Monseigneur, permettez-moi de vous présenter ma femme.

THERESE. — Monseigneur...

YOURII. — Nous sommes parens, princesse. Le sang des Jagellons s’est mêlé à celui de Rurik.

SOPHIE ET MARINE, bas à MINSZEK.. — Mon père, présentez-nous au tsarévitch.

MNISZEK, bas. — Est-ce bien un tsarévitch?

LA PRINCESSE WISNIOAVIECKA, présentant Sophie. — La starostine Sophie Mniszek, la belle-fille du palatin de Sendomir.

YOURII. — Il faut que le roi ait donné quelque mission à votre mari, madame, pour qu’il se soit séparé de vous, même pour quelques jours.

SOPHIE. — Il est à Cracovie, monseigneur, mais nous l’attendons.

LA PRINCESSE, présentant Marine.— La pana Marine, la fille cadette du palatin de Sendomir.

YOURII. — La pana n’a pas besoin d’être présentée. Nous sommes de vieilles connaissances, et j’ai déjà reçu des présens de sa main. Je les conserve précieusement. (En ouvrant sa pelisse pour montrer la rose sèche que lui a donnée Marine, il laisse voir sa croix de diamans.)

MARINE. — Oh! la belle croix, monseigneur!

YOURII. — C’est ma croix de baptême. Voulez-vous la voir?

MARINE. — Oh! que monseigneur est bon!

YOURII. — Plus d’un de mes compatriotes craindrait de voir toucher cette croix par un Latin; mais de si belles mains font des reliques de ce qu’elles touchent.

MNISZEK, bas à la princesse Wiszniowiecka. — Sont-ce des diamans véritables?

LA PRINCESSE, bas. — Admirables. (Haut.) Je ne lis pas vos caractères russes, monseigneur. Qu’y a-t-il écrit sur cette croix?

YOURII. — Mon nom, Démétrius, et celui de mon parrain, le prince Ivan Mstislavski.

MARINE. — Quel joli nom que Démétrius!