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MNISZEK, bas au prince Adam. — Piotrowski sait le nom de sa nourrice. Tâchez donc de le faire dire à votre tsarévitch?

LE PRINCE ADAM, de même. — Allons donc! Pouvez-vous douter encore?

MNISZEK, de même. — Non; mais une preuve de plus... (Haut.) Vous eussiez été attendries, mesdames, si vous eussiez entendu raconter à son altesse comment elle échappa aux poignards des meurtriers apostés par Boris La présence d’esprit de votre médecin... le dévouement de votre nourrice... Ce sont des noms qu’il faudrait écrire en lettres d’or. Siméon, c’était le nom de votre médecin, je crois?

YOURII. — Il était Valaque, et de plus vertueux et de plus savant, il n’en exista jamais. Et ma pauvre nourrice!... que sera-t-elle devenue? quand pourrai-je?...

MINSZEK.. — J’ai le pressentiment, monseigneur, que votre altesse pourra lui témoigner un jour sa reconnaissance. Elle s’appelle….. j’ai oublié son nom…..

YOURII, souriant. — Orina Jdanova Voulez-vous m’éprouver, palatin Mniszek?

MINSZEK.. — Monseigneur, gardez-vous de croire...

LE PRINCE ADAM, bas. — Eh bien ?

MNISZEK, bas. — Je ne me risque plus.

PIOTROWSKI, au prince Adam. — Monseigneur, le voiévode russe de Tchernigof est en bas, qui demande à vous parler en secret pour une affaire pressante.

YOURII. — N’est-ce pas un certain Tretiakof, une créature du patriarche Job? pourquoi passe-t-il la frontière?

LE PRINCE ADAM. — Qu’importe? je ne puis le recevoir en ce moment.

YOURII. — Allez le voir, prince.

LE PRINCE ADAM. — Avec la permission de votre altesse.

YOURII. — Pane Mniszek, le prince Kourbski est-il toujours en Pologne?

MINSZEK.. — Monseigneur, il est mort il y a trois ans.

YOURII. — Ce fut un ennemi acharné de mon père... Mais je le regrette, et si j’étais sur le trône, je n’aurais pas laissé dans l’exil le guerrier qui a donné Kazan à la Russie.

MNISZEK, bas. — Il sait l’histoire de son pays.

YOURII. — Prince Constantin, combien de hussards levez-vous sur vos terres?

CONSTANTIN. — Cent cinquante, monseigneur. Dans la dernière confédération<ref> Rokosz, insurrection, autorisée par la constitution, de la noblesse contre le roi. </<ref>, j’en avais jusqu’à deux cent vingt.

YOURII. — Et le roi a signé les conditions que la confédération lui a imposées?

CONSTANTIN. — La confédération, monseigneur, ne demandait rien que de juste.

YOURII. — Demander justice, les armes à la main, à son roi!...

MINSZEK.. — Vous savez, monseigneur, nos coutumes républicaines...

YOURII. — Parmi vos coutumes, il y en a que j’admire et que je voudrais introduire en Russie... mais vos confédérations...