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Page:Revue des Deux Mondes - 1852 - tome 16.djvu/1158

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ces dons de nature il est sorti un projet de désorganisation générale et une série de décrets déjà tout rédigés pour accomplir la liquidation de notre société.


Jusqu’en 1848, M. Proudhon s’était à peu près renfermé dans le rôle de critique. Tout en faisant le procès des institutions et des spéculations de notre temps, il avait sans doute émis des principes; mais il n’avait soumis à la discussion aucun système arrêté, aucun corps de voies et moyens. C’est à l’heure même d’agir qu’il a formulé pour la première fois le plan d’organisation que ses actes ont visé tout de suite à mettre en pratique. D’abord il a proposé et développé tout à la fois ses vues économiques dans ses brochures ou ses projets de loi sur le crédit, sur la banque d’échange et sur la réduction des loyers et fermages; puis il a complété sa doctrine dans son Idée de la Révolution, qui est comme son dernier mot. Administration, éducation, religion, intérêts matériels et moraux, politique intérieure et extérieure, il a tout embrassé dans cette refonte révolutionnaire, pour en tirer une synthèse sociale qu’il s’est encore hâté d’offrir comme un programme aux électeurs de 1852.

En reprenant dernièrement la parole, M. Proudhon a été beaucoup moins explicite sur ses plans de réforme. Tout en les rappelant souvent à l’attention, il a repris l’attitude d’un homme d’opposition. Au lieu de développer ses conclusions et ses moyens pratiques, il s’est appliqué de nouveau à agir sur les esprits, à recueillir des chefs d’accusation contre l’ordre de choses établi, à propager les tendances d’où sont sorties ses propres idées. Prenant pour thèse le 2 décembre, il a entrepris de rechercher les causes qui l’ont amené, et qui en même temps indiquent au nouveau pouvoir ce qu’il doit faire, sous peine de ne pas avoir avec lui la force des choses. De là une série de chapitres pour expliquer l’avortement de la république de février, pour réfuter les idées fausses que les chefs de la démocratie s’étaient faites sur la révolution, pour démontrer quel est le desideratum réel des sociétés de nos jours, — puis d’autres chapitres pour discuter les actes du président et la manière dont il a compris sa mission, pour montrer par où a péché l’empereur Napoléon, et par où la légende impériale peut servir de leçon, enfin pour désigner la vraie solution du problème, — la chose à faire.

Comme jugement porté sur les faits contemporains, la Révolution sociale n’a rien que nous voulions discuter. En réalité, il nous semble que le juge n’a ni jugé, ni tenté de juger. Il a abordé les événemens du jour avec une sentence déjà rédigée; il les a interprétés avec un esprit qui, à l’avance, ne voulait y apercevoir que l’opération de certaines lois. Le titre seul de son volume le dit assez haut. Lui qui proclamait, en 1848, que les vieilles institutions étaient déjà de