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plan très remarquable qui, au mois d’octobre 1849, obtint l’approbation de l’empereur. M. de Bruck déploya une activité prodigieuse pour la construction des chaussées, des chemins de fer et des lignes télégraphiques, pour la réforme du système des postes et des consulats, pour la rédaction du code de commerce et de navigation, et pour l’abolition des douanes à l’intérieur. Il est l’auteur du célèbre mémoire sur l’union austro-allemande, dont il était le partisan le plus zélé. Cependant ses projets ne paraissent pas avoir été complètement d’accord avec les vues du gouvernement de Vienne, et, vers la fin du mois de mai 1851, il donna sa démission.

Avec la sagacité d’un homme d’état supérieur, M. de Bruck vit parfaitement que la question financière est étroitement liée à la question commerciale. Il pensa avec raison que l’industrie autrichienne ne prendra un plus grand essor que lorsque les provinces de l’ouest, qui sont essentiellement industrielles, pourront se procurer les matières premières à un prix peu élevé. Il comprit que le seul moyen d’attirer de nouveaux capitaux dans le pays était de mettre ces provinces en communication directe avec les riches provinces agricoles de l’est. Le chemin de fer de Vienne à Szolnock, avec des embranchemens vers la Galicie, la Servie et la Transylvanie, a une haute importance pour l’Autriche, et M. de Bruck avait la conviction que la crise financière de l’empire ne trouvera une solution heureuse que par l’achèvement de ce réseau de chemins de fer. Il attachait plus d’importance encore au chemin de fer de Vienne à Trieste. C’est à lui aussi qu’appartient l’idée d’une union douanière de la région centrale de l’Europe (mittel-europäisches Zollreich), idée poursuivie, après la démission de M. de Bruck, dans le projet de l’union austro-allemande. Dans les conférences de Dresde et à la diète de Francfort, l’Autriche ne voulut faire de l’organisation douanière qu’une simple partie de l’organisation politique générale. C’est dans cette intention qu’elle proposa d’ajouter au pacte fondamental un article additionnel par lequel tous les états allemands auraient été obligés d’accepter dans un délai prescrit l’union douanière universelle de l’Allemagne ; mais elle rencontra une opposition unanime et ne put obtenir à Dresde qu’un projet de conventions propres à faciliter les opérations commerciales. On y prépara aussi un traité douanier et un traité monétaire ; mais les duchés de Holstein et de Mecklenbourg refusèrent leur consentement à ces derniers projets, et les autres états n’accordèrent le leur que sous la condition que l’Autriche abolirait son système prohibitif, et que, par l’établissement d’un nouveau tarif, elle donnerait plus de liberté au commerce. Le résultat définitif de ces négociations a été qu’il n’y avait pas à songer, pour le moment, à une union douanière avec l’Autriche.

L’Autriche ne tarda cependant pas à opérer dans son système doua-