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LE ZOLLVEREIN ET L’UNION AUSTRO-ALLEMANDE.

nier une réforme immense, en substituant à son tarif de prohibition un tarif qui se rapproche beaucoup de celui du Zollverein. Le nouveau tarif a même sur celui de l’union douanière l’avantage de faire une distinction entre les différentes qualités de marchandises. Ce tarif ne devait être applicable qu’à partir du 1er  février 1852, et sur certaines marchandises une augmentation de 10 pour 100 était exigible pour la première année, c’est-à-dire jusqu’au 1er  février 1853. En même temps, l’Autriche supprima la ligne douanière entre la Hongrie et ses autres états ; elle s’attachait ainsi la Hongrie par un nouveau lien, et développait les relations commerciales de ce pays avec les autres provinces de l’empire.

Il y avait donc en présence du Zollverein les élémens tout prêts d’une union austro-allemande. Entre ces élémens et l’ancienne union douanière, une lutte était inévitable. Des congrès, des conférences diplomatiques, qui aujourd’hui encore ne touchent pas à leur terme, en marquèrent les principaux épisodes.


IV.

La Prusse avait fait remettre aux gouvernemens de l’Allemagne une invitation pour l’ouverture à Berlin d’un congrès d’union douanière dans les premiers mois de l’année 1852. L’Autriche avait intérêt à devancer ce congrès, et, dans les derniers jours de novembre 1851, le gouvernement autrichien, après avoir fait les réformes douanières dont nous avons parlé, et profitant des dissentimens survenus entre les membres du Zollverein, s’adressa à tous les cabinets de l’Allemagne pour qu’ils envoyassent des commissaires à Vienne, afin de stipuler les conditions d’une future union douanière entre l’Autriche et l’Allemagne. Les délibérations de Vienne, auxquelles prirent part les commissaires de Bavière, de Saxe, de Hanovre, de Wurtemberg, de Bade, des principautés de Hesse, de Brunswick, d’Oldenbourg, de Nassau et des quatre villes libres, commencèrent le 4 janvier 1852. La Prusse ne s’était pas fait représenter.

Le prince Schwarzenberg ouvrit en personne le congrès douanier de Vienne. Après avoir dit quelques mots du but général de la politique autrichienne : « De divers côtés, continua le prince, on craint encore que le but que nous annonçons hautement ne soit pas le seul que nous poursuivons. Je déclare que ces craintes n’ont aucun fondement, et je regrette de ne pas voir représentés ici tous les états de la confédération ; les discussions qui vont s’ouvrir leur auraient enlevé toute espèce de doute sur l’utilité et l’opportunité de nos propositions… Il est incontestable qu’on rencontrera bien des difficultés ; mais les expériences qu’on a déjà faites prouvent que de semblables difficultés ne sont pas insur-