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LA CHASSE


EN AFRIQUE.




J’ai depuis longtemps une conviction que beaucoup d’esprits commencent aujourd’hui à partager : c’est que l’Algérie est destinée à prendre chaque jour une place plus importante dans l’existence de notre pays. Cette contrée, que d’héroïques faits d’armes nous ont soumise, semblait ne s’adresser d’abord parmi nous qu’à des pensées militaires. Plus d’un homme politique ne voulait y voir qu’une sorte de champ clos gigantesque où s’exerçait la valeur de notre armée ; puis on s’est aperçu que cette terre n’était pas propre uniquement à nous donner un revenu de gloire, que si elle attirait le soldat, elle appelait aussi l’agriculteur, l’industriel et le marchand : des liens nouveaux se sont formés entre la France et sa conquête. Après avoir remué nos sentimens guerriers, notre fierté nationale, l’Algérie s’est mise en intime rapport avec les plus sérieux, les plus pratiques, les plus positifs de nos intérêts. Enfin, lorsqu’il y a plusieurs années je suis parvenu, par quelques travaux littéraires nés au sein d’une vie active, à diriger la curiosité publique vers un monde plein d’inépuisables richesses pour le poète et pour l’artiste, j’ai vu avec bonheur qu’après s’être concilié la gloire d’abord, l’intérêt ensuite, l’Algérie mettait aussi l’imagination de son parti. Or je sais qu’il y a dans notre pays certaines puissances, et l’imagination est de ce nombre, dont le concours ne doit être dédaigné par aucune œuvre. Ces pittoresques détails que j’ai pu réunir dans le Grand-Désert ont éveillé chez certains esprits des impressions qui, je l’espère, ne seront pas