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Année Times Advertiser Daily News Herald Chronicle Post Sun, Globe, Standard Total
1837 3,065,000 1,380.000 1,928,000 1,940,000 735,000 2,988,000 12,036,000
1838 3,065,000 1,565,225 1,925,000 2,750,000 875,000 3,339,000 13,519,220
1839 4,300,000 1,535,000 1,820,000 2,028,000 1,006,000 3,161,000 13,850,000
1840 5,060,000 1,550,000 1,956,000 2,073,500 1,125,000 3,318,800 15,084,500
1841 5,650,000 1,470,000 1,630,000 2,079,000 1,165,210 3,319,000 15,313,210
1842 6,305.000 1,445,000 1,559,500 1,918,500 1,193,025 3,274,050 15,697,075
1843 6,250,000 1,534, 000 1,516,000 1,784,000 1,900,000 2,966,125 15,950,000
1844 6,900,000 1,415,000 1, 608,070 1,628,000 1,002,000 2,610,000 15,163,070
1845 8,100,000 1,440,000 2,018,025 1,554,000 1,200,500 2,796,500 16,709,025
1846 8,950,000 1,480,000 3,520,500 1,752,500 1,356,000 1,450,500 2,648.000 21,067,500
1847 9,205,230 1,500,000 3,477,000 1,510,000 1,233,000 990,100 2,258,500 20,173,830
1848 11,025,000 1,538,000 3,530,638 1,325,000 1,150,304 964,500 2,265.812 21,809,234
1849 11,300,000 1,528,200 1,375,000 1,147,000 937,500 905,000 2,042,000 19.234,700
1850 11,900,000 1,549,843 1,152,000 1,139,000 912,547 828,000 1,911,500 19,391,843

Ce tableau prouve irrécusablement deux faits : le premier, c’est que les feuilles annuellement envoyées au timbre se sont élevées de douze millions à dix-neuf, et que la publicité générale s’est par conséquent accrue de 50 pour 100; le second, c’est que le nombre total des lecteurs ayant augmenté, et tous les journaux, sauf un seul, ayant perdu des leurs, le journal favorisé a dû bénéficier non-seulement de l’accroissement régulier des lecteurs, mais aussi de tout ce que ses confrères ont perdu. On peut donc dire que le Times, qui a déjà la plus grosse part des annonces, tend à absorber graduellement toute la masse abonnable, et prévoir qu’il demeurera seul le jour où ses empiétemens ne laisseront plus aux autres journaux qu’une clientèle insuffisante à couvrir leurs frais. Cette hypothèse serait déjà un fait, si les journaux anglais ne pouvaient compter que sur la vente de leurs numéros, et si les annonces ne leur donnaient les moyens d’exister. Aussi le principal sujet d’alarme des concurrens du Times est-il moins la diminution du nombre de leurs lecteurs que le dépérissement de leurs annonces. Il suffit de feuilleter la collection d’un journal anglais pour se convaincre que l’espace occupé par les annonces est moindre que par le passé. On peut tirer encore de tous ces faits cette conclusion, bonne à méditer pour les législateurs et les écrivains, que partout où des taxes comme l’impôt sur les annonces et le timbre rendent la publicité coûteuse, les annonces, et avec elles les recettes, les moyens d’amélioration, la possibilité des sacrifices, vont où se trouve la publicité la plus grande, que par contre-coup les abonnés prennent le même chemin que les annonces, et qu’il en résulte, au profit du journal dominant, un monopole que chaque jour fortifié. Supposez le droit sur les annonces établi en France, ce qui arrive en Angleterre au Times serait, entre des mains habiles, arrivé soit au Constitutionnel, soit au siècle.

Il importe d’ajouter que le timbre met obstacle aux envahissemens du Times en rendant onéreux pour ce journal l’excès de la prospérité. Pour suffire aux annonces qui affluent de toutes parts, le Times s’est mis à publier régulièrement des supplémens, de quatre et même de huit pages, entièrement remplis d’annonces; mais ces supplémens sont assujettis au timbre comme le journal lui-même : il en résulte que la dépense croit avec le nombre des exemplaires ; au delà d’un certain chiffre, les frais croissans de papier, de tirage et de timbre